lundi 12 octobre 2015

Un été au Kansai de Romain Slocombe


Descriptif éditeur :

« En ces splendides jours d'été, comment imaginer qu'au-delà de l'horizon si bleu et calme, les flots sont souillés d'huile et de sang, les avions piquent et explosent, les corps noircis de mazout dérivent jusqu'aux plages paradisiaques pour y finir rongés par les crabes ?... »

Friedrich Kessler a vingt-quatre ans lorsqu'il débarque au Japon en 1941, nommé à l'ambassade du Reich. Sa carrière de diplomate lui a évité d'être enrôlé dans l'armée. Amateur de jazz et des récits des Mille et Une Nuits, Kessler a voulu partir le plus loin possible? Les femmes s'intéressent à ce rêveur ; que ce soit la robuste Helma, épouse délaissée de l'ambassadeur, ou la jolie Hiltraud que ses collègues surnomment l'«infirmière SS». Mais les combats se rapprochent : Berlin, où vit la soeur de Friedrich, est déjà sous les bombes, Tokyo va brûler à son tour lors des grands raids américains du printemps 1945.

Portrait tragique d'une civilisation menée au désastre par le fanatisme de ses dirigeants, voyage initiatique d'un Occidental épris d'art et de philosophie, Un été au Kansai donne la parole aux vaincus de la Seconde Guerre mondiale, et nous interroge sur la possibilité du bonheur et du progrès dans un monde au bord de l'apocalypse.

Fiche babelio



Contexte de lecture : 

Ce livre m'a été offert par les éditions Arthaud à l'occasion d'une masse critique privélégiée Babelio. Merci à eux !



Ma critique :

Il s'agit d'un roman principalement epistolaire, raconté comme s'il rapportait des lettres d'époque. C'est bien fait et du coup on est vraiment dans l'ambiance.

J'ai trouvé le sujet particulièrement intérressant : les lettres sont écrites par un allemand qui travaille à l'ambassade d'Allemagne au Japon pendant la seconde guerre mondiale, et le livre s'intéresse beaucoup à une sorte de "nazisme modéré" : le personnage n'est pas très politisé, "normalement" antisémite et raciste (pour les circonstances), pour la grandeur et la fiereté de l'Allemagne mais qui trouve Hitler parfois excessif,... En bref, un homme de son temps, ni courageux ni plein de convictions. Le tableau est bien dépeint et me semble assez réaliste. On est en pleine zone grise, ni méchant ni gentil, du moins pour l'époque. C'est une période rarement traitée avec ce poit de vue, sur lequel il y a pourtant fort à dire.

Vu d'aujourd'hui bien sûr les idées du personnage ne sont pas défendable : il lui semble parfaitement normal de considérer les allemands et nordique comme une race supérieur, il fait preuve d'un patriotisme associé à de la grandeur aujourd'hui terriblement surannée et condamnable. Tout est dans la nuance et le laisser-faire : lui en particulier ne fait rien pour tuer les juifs ou entretenir la guerre mais son état d'esprit, centré sur lui-même, partagé par tant de personnes, permet à des atrocité d'exister. Quelques scènes autour de ces idées obsolètes sont très bien trouvées, comme le fait qu'il reproche aux japonais leur racisme anti-blanc sans y voir de contradiction avec sa propre attitude.

Les lettres ne parlent pas que de nazisme, loin de là. Il y a des tranches de vie des ambassadeur à Tokyo, des soupçons liés à la guerre, des excursions dans les montagnes, de l'inquiétude, des relations, et de terribles scènes de villes bombardées. Tout est très bien écrits, très poétique est agréable à lire. Le personnage à une vraie sensibilité ésthétique sur la vie et ce qu'il voit, et le style est bon. A noter que l'on passe dans un style plus terre à terre un peu journalistique pour les rares passages racontés par d'autres personnages.

J'ai donc trouvé ce roman fascinant et beau, tout en étant terrible. J'ai appris pas mal de chose sur la façon de vivre au Japon pendant la seconde guerre mondiale, et sur l'état d'esprit qui pouvait animer certaines personnes. Les scènes de destructions sont mémorables. Et, étonnamet pour son sujet et son format, il est très difficile de lacher le livre et on veut connaître la suite, même en sachant dès le début comment celà doit probablement finir. Une très belle lecture.

Critique publiée sur Babelio

Ma note : 5/5


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire