jeudi 29 septembre 2016

Caylus de William Attia


Descriptif éditeur :

Dans ce jeu de William Attia, les joueurs incarnent des maîtres d’oeuvre dont la mission est de construire un nouveau château pour le roi Philippe le Bel. Pour cela, ils devront gérer au mieux leurs deniers, les ressources disponibles et surtout développer l’économie du petit village qui s’étend au pied du site. Bien entendu, les agents royaux – le bailli et le prévôt – veillent au grain sur l’avancement des travaux !

2-5 joueurs
12 ans et plus
60-120 minutes



Ma critique :

Caylus est un de mes jeux préféré ! C'est un jeu de gestion tendu, à base de "pose d'ouvrier" : on a différents bâtiments sur lesquels, chacun notre tour, on peut poser un de nos ouvriers disponible pour bénéficier de son action. Une fois qu'un bâtiment a été choisi par quelqu'un plus personne de peut faire son action jusqu'au prochain tour.
Ici, il y a en sus un côté programmation, puisque l'on effectue pas immédiatement les actions, mais plus tard, une fois tous les ouvriers posés (ou non, si les joueurs souhaitent passer avant), dans l'ordre imposé par la route. 

Le jeu est tendu - il nous faut des sous, des ressources, de l'argent, construire au château et dans la ville... et bien sûr il nous manque toujours quelque chose. Il est également très compétitif : on ne peut pas jouer dans son coin, il faut faire attention à ce que les adversaire veulent pour leur piquer les actions sous le nez ou les chatouiller sur les majorité au château. Les bâtiments mis à disposition l'étant pour tous, là aussi on regarde ce qui peut intéresser les autres (dans les deux sens, puisque l'on gagne à ce que les autres viennent chez nous). Le système du bailli (ou prévot, je sais jamais lequel est lequel), fait que seuls les premiers bâtiments de la route seront activé, de plsu en plsu loin à chaque tour de jeu, mais les joueurs peuvent influencer - moyennant finances - jusqu'à où. 

Des fois dans tous les sens, de l'interaction, un peu agressif, très bon à deux aussi, des règles pas si complexes pour un vrai gros jeu, un thème pas si fort mais qui tient largement la route, un matériel que je trouve clair et agréable (en tout cas dans ma toute vielle version), de la frustration, du court et moyen terme, et même un peu de long terme : bref, du tout bon. Et je persiste, il vieillit bien, pas besoin d'aller chercher un jeu plus récent qui feraient pareil en mieux*.


*Ok, il y a pas mal de jeux plus récents dans des styles similaires qui font pas forcément moins bien. Mais clairement pas de quoi rendre Caylus obsolète, votre préféré (s'il faut en définir un) dépendra de votre goût.  

Ma note : 5/5

La marche de l’Homme de Brigitte Costa-Léardée



Descriptif éditeur :

Il était une fois, l’Homme…
Histoire du premier pas de l’homme ou de la femme
qui s’est levé(e) et a marché pour la première fois de l’humanité.
Conte de la création à l’état naissant sous la plume harmonieuse
de Brigitte Costa-Léardée – la Paroleuse – qui invite à poursuivre l’aventure.
Histoire de la vie qui suit son chemin obstinément, silencieusement,
en gardant la trace de nos pas.
Y souffle un chant tellurique et solaire qui transmet
la force de rester debout et de continuer à marcher… Ensemble.
En écho, y résonne une des sources d’inspiration de la conteuse :
l’âme et le rythme de la biguine et de la flûte des Mornes
de La Martinique.

La fiche du livre sur Babelio, et sur le site de l'éditeur : La Cheminante

Ma critique :

La marche de l'homme est une sorte de long poème contenant un récit (aux contour flou, sans intrigue, multi-facettes) et plusieurs voix. On tourne autour du thème de l'évolution.

J'ai beaucoup aimé ! L'ambiance est particulière, la voix nous parle comme si elle se souvenait de toute ses vies depuis l'apparition de celle-ci sur terre. C'est étrange et beau. Les sensations, intérêts et styles évoluent, comme la vie qu'ils décrivent.

J'ai un peu moins aimé quelques court passages vers la fin. C'est court (une cinquante de pages très aéré). Je l'ai lu très vite, avant de le relire plus lentement pour pouvoir en profiter.

C'est une forme littéraire dont je n'ai pas du tout l'habitude, et ce livre a su me séduire. Ce n'est pas trop dur d'accès. J'ai apprécié les variations du texte. Des effets de mise en page viennent renforcer l'ambiance changeante.

Merci à Babelio et aux éditions la cheminante, qui m'ont permis de gagner ce livre pour Masse Critique !
Ma note : 4/5

La marche de l’Homme de Brigitte Costa-Léardée



Descriptif éditeur :

Il était une fois, l’Homme…
Histoire du premier pas de l’homme ou de la femme
qui s’est levé(e) et a marché pour la première fois de l’humanité.
Conte de la création à l’état naissant sous la plume harmonieuse
de Brigitte Costa-Léardée – la Paroleuse – qui invite à poursuivre l’aventure.
Histoire de la vie qui suit son chemin obstinément, silencieusement,
en gardant la trace de nos pas.
Y souffle un chant tellurique et solaire qui transmet
la force de rester debout et de continuer à marcher… Ensemble.
En écho, y résonne une des sources d’inspiration de la conteuse :
l’âme et le rythme de la biguine et de la flûte des Mornes
de La Martinique.

La fiche du livre sur Babelio, et sur le site de l'éditeur : La Cheminante

Ma critique :

La marche de l'homme est une sorte de long poème contenant un récit (aux contour flou, sans intrigue, multi-facettes) et plusieurs voix. On tourne autour du thème de l'évolution.

J'ai beaucoup aimé ! L'ambiance est particulière, la voix nous parle comme si elle se souvenait de toute ses vies depuis l'apparition de celle-ci sur terre. C'est étrange et beau. Les sensations, intérêts et styles évoluent, comme la vie qu'ils décrivent.

J'ai un peu moins aimé quelques court passages vers la fin. C'est court (une cinquante de pages très aéré). Je l'ai lu très vite, avant de le relire plus lentement pour pouvoir en profiter.

C'est une forme littéraire dont je n'ai pas du tout l'habitude, et ce livre a su me séduire. Ce n'est pas trop dur d'accès. J'ai apprécié les variations du texte. Des effets de mise en page viennent renforcer l'ambiance changeante.

Merci à Babelio et aux éditions la cheminante, qui m'ont permis de gagner ce livre pour Masse Critique !
Ma note : 4/5

dimanche 25 septembre 2016

La vengeance des mères de Jim Fergus



Descriptif éditeur :

1875. Dans le but de favoriser l’intégration, un chef cheyenne, Little Wolf, propose au président Grant d’échanger mille chevaux contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers. Grant accepte et envoie dans les contrées reculées du Nebraska les premières femmes, pour la plupart « recrutées » de force dans les pénitenciers et les asiles du pays. En dépit de tous les traités, la tribu de Little Wolf ne tarde pas à être exterminée par l’armée américaine, et quelques femmes blanches seulement échappent à ce massacre.
Parmi elles, deux sœurs, Margaret et Susan Kelly, qui, traumatisées par la perte de leurs enfants et par le comportement sanguinaire de l’armée, refusent de rejoindre la « civilisation ». Après avoir trouvé refuge dans la tribu de Sitting Bull, elles vont prendre le parti du peuple indien et se lancer, avec quelques prisonnières des Sioux, dans une lutte désespérée pour leur survie.
Avec cette aventure passionnante d’un petit groupe de femmes prises au milieu des guerres indiennes, Jim Fergus nous donne enfin la suite de Mille femmes blanches. Le miracle se produit à nouveau et cette épopée fabuleusement romanesque, véritable chant d’amour à la culture indienne et à la féminité, procure un incommensurable plaisir de lecture.

La fiche du livre sur Babelio, sur le site de l'éditeur (cherche-midi)

Mille femmes blanches (le 1er tome) sur mon blog

Merci !
Merci à l'éditeur et à Babelio pour m'avoir offert ce livre, en plus de l'occasion de rencontrer l'auteur ! (très bientôt)

Ma critique :

Dans ce livre on retrouve l'univers des indiens au moment de leur chute - ce que je connais mal et qui est absolument palpitant et terrible -, toujours sur un format de journal intime.

On a par contre ici deux points de vue et deux styles en alternance. Ça permet de rompre un peu la monotonie et c'est rigolo d'avoir certains évènements relatés de manières bien différentes mais j'ai trouvé que cet aspect n'était pas tellement exploité. Les deux personnages principaux, qui sortent tous deux des normes, se ressemblent pourtant entre eux sur certains points. Et surtout, ont globalement les mêmes valeurs morales. C'était pour moi un point fort du premier tome de montrer différents personnages qui peu à peu vont accepter les cultures et valeurs des autres (entre blanches comme avec les indiens), même avec une seule voix narratrice, et il a ici quasiment disparu.

Et pas seulement du côté des personnages principaux. La majorité des arguments avancés se ressemblent, dans les deux camps, avec une acception commune de ce qui est bien mais on peut pas forcément faire autrement. Toute une panoplie de personnages différents nous récite les même poncifs sur la guerre, le deuil et le vivre ensemble, qui n'apportent pas grand chose à notre point de vue de lecteur moderne. Si le premier tome était mièvre par moment, on pouvait mettre cela sur le compte de la personnalité de la narratrice. Ici, c'est trop universel pour ne pas entraîner de lourdeur, surtout vu le style artificiel des dialogues dans lesquels ils sont insérés. Et de même dans l'autre sens pour la caricature totale du grand méchant - nettement plsu crédible dans le premier tome.

Les nouveaux personnages sont présentés comme variés et hauts en couleur mais au fond cela ne change pas grand chose aux évènements, à chaque fois tout le monde tombe d'accord. De même, tous les protagonistes ont le même avis (ou presque) sur chacun des autres protagonistes. Mêmes les jumelles perdent leur impertinence. J'ai donc trouvé l'ambiance et la variété particulièrement affadies par rapport au premier tome mais néanmoins suffisant à installer un décor éclectique en surface.

Le plus gros point faible du roman est pour moi son introduction abracadabrante. Le tome précédent avait une vraie fin, avec d'ailleurs un épilogue qui voulait un peu trop tout conclure, et l'auteur s'est ici senti obligé de justifié l'existence de cette suite. Comme pour le tome précédent, on commence par un personnage moderne qui découvre les cahiers rédigés par les femmes blanches chez les indiens. Sauf que ça s'étale sur des pages et des pages, et que ça n'est absolument pas crédible. De grands sentiments sont évoqués dans tous les sens, et ça ne m'a pas fait partir du bon pied dans le roman.

Surtout que cette surenchère de justification fait que je me suis nettement plus posé la question de la crédibilité de la manière dont c'est raconté, et là ça échoue violemment. On ne voit pas comment et pourquoi les narratrices auraient écrit comme ça à ces moments là. L'une rapporte de nombreux dialogues dans des styles tout à fait artificiel, l'autre que l'on croyait illettrée et matérialiste se lance dans des description de paysages ponctués de "Aye" et de tournures grammaticales fausses mais pas assez pour ne pas sembler voulues. Le cœur du roman est très plaisant mais se retrouve du coup un peu noyé sous ces éléments.

Les thèmes évoqués ici sont assez différents de ce du premier tome, ce qui est agréable car on a peu de redite. Le côté adaptation aux coutumes indiennes est survolé, la thème de la mort et du deuil très présent (bien que vécu de manière trop commune entre les différents personnages), celui de la vengeance, que j'attendais plus nerveux d'après le titre, la fin du mode de vie traditionnel des indiens  et beaucoup plus celui de la force morale ou de caractère. Le scénario et une forme de suspens y ont plus d'importance que dans le premier tome.

J'ai passé un bon moment de lecture, avec une vraie évasion teintée de réalité historique. Je trouve tout de même cette suite nettement moins puissante que Mille femmes blanches, que je recommande pour découvrir cet univers !

PS : La couverture + sa légende intégrées à l'histoire c'est très chouette !

Ma note : 3/5

mardi 20 septembre 2016

Le jour de l'émancipation de Wayne Grady


Descriptif éditeur :

En 1945, Jack, issu d'une famille pauvre et noire de l'Ontario, arrive à se faire passer pour blanc. Débarqué à Terre-Neuve dans un contingent de la marine canadienne, il rencontre Vivian, qu'il séduit par ses talents de musicien. Celle-ci découvrira-t-elle sa véritable identité ? Pendant combien de temps peut-on se fuir soi-même avant que le passé nous rattrape ?
Le jour de l'émancipation est un roman magistral qui aborde des thèmes profondément humains tels que les relations familiales, l'amour et le racisme à une époque où le Canada vit de grands changements à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Jusqu'où irait un fils irait pour échapper à son passé ? Jusqu'où irait son père pour l'aider ?
Dans un univers de jazz des années 1930, Le jour de l'émancipation est un roman déchirant sur les histoires de pères en fils, sur l'amour et le déni, sur les relations raciales... à un point tournant de l'histoire. Raconté du point de vue de trois personnages, Vivian, la jeune mariée innocente; Jack, son mari séduisant et troublé; et William Henry, père stoïque, ce roman explore les questions de racismes, et de préjudice qui perdure de génération en génération.
La fiche du livre sur Babelio et sur le site de son éditeur français le serpent à plumes ou quebecquois, Mémoire d'encrier.

Ma critique :



Ce roman est assez fascinant par les thèmes qu'ils abordent de manière originale.

Il faut du temps pour bien cerner l'histoire et les personnages, et ce n'est vraiment fait qu'à la fin du rom, ce que j'ai beaucoup apprécié : il s'agit vraiment d'un tout et pas d'éléments isolés.

Les personnages mis en scènes sont particulièrement humains, ni bon ni mauvais, sans pour autant être oubliable. Plusieurs points de vue, très différents les uns des autres, alternent autour de Jack.

Les thèmes de la guerre, de la musique, des petits boulots sont évoqués dans le livre sans qu'ils soient des ressorts centraux. Au coeur du livre, la construction d'un racisme et d'intégrations dans des milieux très communautaires.

J'ai beaucoup aimé cette construction chorale, où les personnages et les époques varient. Il faut souvent un moment pour resituer l'action, ce qui crée une ambiance particulière sans être difficile à suivre (je ne m'y suis perdue q'une fois et je me demande encore s'il ne manque pas une phrase ou un paragraphe). On y croise du coup des idées sorties de leur contexte qui peu à peu se dessine lui aussi. Comme pour le livre en général.

C'est assez bien écrit, et simplement, avec des nombreux passages que j'ai trouvé percutants sans aucune touche de mélo.

J'ai par contre nettement moins aimé le dernier chapitre, écrit dans un style très différent mais qui manque d'originalité, (et là on a p'tet un brin de mélo) alors qu'il soulève une conclusion intéressante. C'est un peu dommage.

Critique publiée sur Babelio

Quelques citations que j'ai aimé :


Il voulait se croire blanc, bon, d'accord, laissons le faire, peut-être qu'il aurait plus de chance dans la vie comme ça. Peut-être avait elle raison, peut-être que c'était comme ça que les Blancs avaient commencé : personne ne leur avait dit qu'ils n'étaient pas blancs.


Elle aurait aimé lui dire "je t'aime" sans avoir l'air de réciter une réplique sortie tout droit d'un film. Elle s'exerçait devant la glace au-dessus de sa commode, ou en brossant les dents au cabinet de toilette, mais les mots sonnaient platement, de façon sentimentale. "Je t'aime Jack." Devait-elle le lui dire avant l'amour, ou après ? Devait-elle lui dire de façon désinvolte ou théâtrale ? Elle n'arrivait pas à se décider. Elle cessa de s'exercer et attendit de laisser échapper les mots, peut-être pendant une attaque aérienne, tandis que la ville s'écroulerait autour d'eux et qu'ils se seraient cherchés dans les rues en ruine. Mais il n'y avait pas d'attaques aériennes, la guerre était pratiquement finie, et elle ne se décidait toujours pas.

Le premier août , Jour de l'émancipation, qui marque l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage dans l'Empire britannique, il y avait toujours une grande fête à Jackson Park. Quand Jack était petit, il pensait que l'esclavage n'était illégal que ce jour-là, tandis que le reste de l'année, on traitait les gens de couleur comme on voulait, et c'était bel et bien le cas.


Quand Jack regarda de nouveau la mer, il aperçut une traînée d'huile, le sang du sous-marin coulé, miroitant dans la lumière blafarde de l'hiver, s'élargissant en un cercle paresseux au-dessus de lui. Puis, à l’intérieur de la lisse circonférence, des objets se mirent à flotter. Tout d'abord, Jack crut qu'il ne s'agissait que de vêtements et de couvertures. Mais il se rendit vite compte que ce qu'il voyait, c'était des hommes. Certains agitaient les bras et s'évertuaient à nager à travers l'huile vers le navire, tandis que d'autres, immobiles, étaient ballottés en surface par les turbulences sous-marines. Les cadavres noircis émergeaient un moment de l'obscurité, se tordaient, s'enroulaient, puis plongeaient dans l'abysse.

- Et quel âge as-tu, Miss Josie-Constance-O'Sullivan-Hughes-Rickman-bientôt-Madame-Lewis ?
- Quel âge faut-il avoir ?
- J'sais pas, dix-huit ans, j'imagine.
- Alors dis-leur que j'ai vingt ans.
- T'as pas vingt ans ! Moi j'ai vingt ans. On peut pas avoit vingt ans tous les deux !
- Et pourquoi pas ?
- Ça à l'air suspect.
- Pas du tout. Y'a plein de gens qui ont vingt ans. C'est dix-huit qui a l'air suspect.
Il fallait admettre qu'elle mentait mieux que lui.


Ma note : 5/5

mercredi 14 septembre 2016

Station Eleven de Emily St. John Mandel et rencontre avec l'auteur


Descriptif éditeur :

Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.

Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

Le fiche du livre sur le site de l'éditeur (Payot et Rivages) et sur Babelio


Rencontre avec l'auteur :

Ce livre m'a été offert par les éditions Payot et Rivages via Babelio, à l'occasion d'une rencontre avec l'auteur (discussion animé par Babelio, et pendant laquelle les lecteurs peuvent posé leur question + dédicaces). Merci beaucoup à eux ! Ce type d'opération est souvent organisé par Babelio et j'y ai participé plusieurs fois. C'est chaque fois une super expérience, c'est très agréable d'entendre l'auteur et de pouvoir interagir avec sur un livre que tout le monde a lu. On peut alors vraiment en parler plutôt que juste évoquer le contexte sans trop en dévoiler. Et l'ambiance y est toujours super.

Dans ce cas particulier c'était tout particulièrement chouette, j'ai trouvé l'auteur intelligente sans grands airs avec plein de trucs à dire, tout le monde (bon, ok, un peu les mêmes que d'habitude quand même) avait plein de questions et ça m'a donné un éclairage supplémentaire pour ce livre dont je n'arrivais pas à faire la critique. Et j'aime peut-être même d'avantage le roman maintenant.

Je vous propose ici mon modeste compte-rendu de cette rencontre, où je retranscris ce qui a été dit par l'auteur à travers les échanges en espérant ne pas trop déformer ses propos.

La rencontre : compte-rendu

 

Tout d'abord, j'ai trouvé la voix d'Emily St. John Mandel remarquable, agréable et avec un accent très agréable à l'oreille. La traduction était assurée par Fabienne Gondrand qui intervient habituellement sur ces rencontres et qui est vraiment super, s'attachant à bien faire ressentir la sensibilité des auteurs en plus de la précision de ce qu'ils disent (et qui est en plus sympathique). La rencontre se passait dans les locaux de Payot et Rivages, et nous avons été fort bien accueillis (boissons et grignotages de qualité ! :D - La salle était petite et il faisait chaud mais on peut pas tout avoir non plus ^^).

Sur les genres littéraires

Emily St. John Mandel a écrit trois romans noirs, publié chez Payot et Rivages en français, et a changé de genre avec Station Eleven, qui se classe plutôt en roman d'anticipation, bien qu'elle classe elle-même ses écrits comme des fictions littéraires. Elle avait une volonté de changer de genre pour évité de se retrouve piégée dans une catégorie et conserver sa liberté, notamment d'un point de vue éditorial, sans pour autant visé un genre précis. Son idée d'origine était surtout de faire quelque chose de complètement différent, sans crime, qui ne puisse pas s'assimiler à du polar. Elle retombe presque malgré elle dans une littérature de genre, ce qui ne l'embête pas particulièrement : elle revendique le fait que l'on trouve de la fiction littéraire - et de bonnes histoires - dans tous les genre. Elle reconnaît cependant que ça peut être une entrave pour un certain nombre de lecteurs, qui diront par exemple "on je ne lis pas de SF" ou au contraire "je ne lis que de la SF", d'où le fait qu'elle ne veuille pas que tous ses livres soient catégorisés dans un seul genre. Plus généralement, elle est convaincue - comme elle l'a très justement vu écrit sur un blog - qu'un livre n'a pas forcément qu'un seul genre littéraire, et que cette vision de la littérature est bien moins restrictive.
(note de moi : et en plus, sur Babelio, ça permet de faire avancer plusieurs badge d'expertise en même temps !).
Mon avis sur le sujet : je lis de tous et je m'efforce justement d'être peu influencée par les genres sous lesquels les livres sont présentés, mais je constate bien sûr que c'est un effet dominant parmi les lecteurs. Et même en tachant de ne pas se fermer de porte, on a parfois des a priori, surtout que les livres "de genre" propose souvent des schémas de 4ème de couverture qui leur sont propres. Le côté emphatique dramatique des résumés de SF me gave, tout comme les larmoyants-psychalistes des premiers romans littéraires possédant une ambiance marquée, et ont tendance à me détourner des ces livres (enfin, parfois à raison quand même. Et je suis parfaitement d'accord avec la remarque sur la variété des genre que peut avoir un même livre, si généraliser cette vision peut rendre les lecteurs et éditeurs moins pédants, tant mieux !)

Sur la SF, et le post-apocaliptique  en particulier

Emily St. John Mandel lisait beaucoup de SF étant ado, elle avait entre autres été particulièrement marquée à 15 ans par  Un cantique pour Leibowitz de Walter Michael Miller (qu'elle dit être un classique - je la crois). Adulte, elle en lit toujours mais moins, et plus récemment a lu plusieurs roman se passant dans des univers post-apocalyptiques. Cependant, elle a évité d'en lire pendant la rédaction de son livre, afin d'éviter de s'inspirer trop directement ou de copier sans s'en rendre compte des aspects de livre similaires. Elle s'est par contre rendu compte que pour faire un monde cohérent il fallait faire pas mal de recherche, principalement dans son imagination mais aussi en lisant certains document comme des journaux de bord de survivalistes (dont apparemment la lecture est assez flippante^^) qui expliquent comment ils résolvent leurs problèmes quotidiens, dont certains que l'on aurait pas de suite imaginer tel que par exemple faire du savon. Côté imaginaire, il s'agit surtout d'extrapoler et d'inférer des conséquences, de se poser plein de questions sur comment faire telle ou telle chose, de se demander comment vivent tout un panel de personnages très différents, avec des réactions très variées.

Côté catastrophe, elle n'a pas de traumatisme ou de terreur particulière engendrée par les grippes aviaires et autres événements du genre défrayant la chronique de temps en temps mais a choisi la grippe car c'est une maladie qui touche les occidentaux, que quasiment tout le monde a eu, dont le lecteur saura a priori à quoi ça ressemble. Bref, ça lui semblait nettement plus parlant côté identification qu'une maladie imaginaire ou que des variantes d'ébola (Note de moi : j'ai lu un polar sur ce thème). Après, est-ce crédible médicalement, une grippe foudroyante tuant en quelques heures ? Elle ne sait pas mais invoque à ce sujet une anecdote amusante.

 Lors d'une discussion au festival America (le week-end passé), Peter Heller lui a confié l'histoire suivante :
Pour son roman La constellation du chien, Peter Heller, anciennement journaliste et possédant donc de nombreux contacts, a demandé à un expert en médecine/biologie (?) si sa grippe ultra-meurtrière pouvait être crédible, et il s'est vu répondre que non. Il a ensuite demandé à un spécialiste en arme biologique ce qu'il en pensait, et ce dernier lui a répondu "Une grippe comme arme biologique ? Oui, ça peut marcher !".


Son livre se détache de la plupart des post-apo en cela qu'il s'intéresse plutôt à l’avènement d'un nouveau monde qu'au chaos et à la violence qui suit l'effondrement - sujet bien couverts sur lesquels elle ne trouve pas grand chose à dire de neuf.
(note de moi : à mon avis pas mal de post-apo - dont Celle qui a tous les dons de Mike Carey que j'ai lu dernièrement - ont le côté avènement d'un nouveau monde mais comme une sorte d'épilogue seulement)
Dans Station Eleven on se situe une vingtaine d'année après l'écroulement du monde moderne, s'il y a un vrai recul technologique le monde s'est réorganisé, à un niveau plus local.

Une écriture non-linéaire


Le roman est écrit de manière non-linéaire, avec des chapitres concernant chacune différentes époques pour divers personnages.

C'est une structure que Emily St. John Mandel aime beaucoup lire et écrire. Ça donne un côté ludique : il faut en quelque sorte reconstituer le puzzle formé par les différentes bribes d'informations pour en faire un tout cohérent. De plus, c'est une façon agréable de développer les personnages (moi : sans devenir lourdingue et larmoyant) en ajoutant des choses sur eux au bon moment, et en les dépeignant à travers les yeux des autres personnage. Ça crée également du suspens, de l'envie de connaître la suite et les éléments manquants. Et, dans ce cas précis, ça lui a également permis de mettre en avant le contraste avant/après en en juxtaposant les scènes.

Côté écriture, elle n'écrit absolument pas de manière linéaire non plus. Ce mode de narration lui permet d'éviter le syndrome de la page blanche : quelques chapitres sur un personnage qui inspire sur le moment, puis en changer quand ça bloque pour y revenir plus tard. Elle a écrit sans avoir de plan précis de ce qui allait se passer, juste des idées à droite à gauche, et sans connaître vraiment la fin, c'est pas drôle d'écrire sinon ! Et donc, comment savoir quand le roman approche de sa fin ? À un moment semble naturellement se dessiner une fin satisfaisante. Et quand on a écrit 350 pages on se dit que c'est déjà pas mal !

Il a ensuite fallut de nombreuses révisions pour rendre le livre lisible. Le premier brouillon était vraiment pas lisible ou cohérent ! A terme, elle a fini par lui trouver une forme satisfaisante (et je suis d'accord : le livre est bien fini :) )


Au cœur du roman : l’aléa de ce qui reste

Une des principales questions que pose ce roman est "que restera-t-il après l'effondrement du monde ?", notamment du point de vue des arts ou plus généralement de la culture .
Bien sûr, on pense tout d'abord aux grands noms - illustré ici par Shakespeare et Beethoven que la troupe itinérante continue de faire vivre. Mais d'autres survivrons aussi, parfois plus par hasard que par choix, comme pourquoi pas une bande dessinée auto-éditée. Sans y faire attention, elle a intégré de nombreuses formes d'art dans son histoire. Si ce n'était pas à dessein, elle en ait heureuse et l'explique par le fait qu'écrire agrège ce qui nous est cher.

Il en va de même pour nos souvenirs, et notamment nos souvenirs d'enfance : les scènes les plus clairement ancrées dans notre mémoire sont souvent quelques éléments isolés (une après-midi au parc, un parfum de glace, la pièce de théâtre dont on a été la star plutôt que le visage précis de nos parents à l'époque). Mais aussi de la manière dont on se souviendra de nous : et si finalement tout ce qui restait d'un acteur qui court après de grands rôles serait des article de presse people ?

La mémoire toujours est au centre d'une autre question soulevée par le roman : est-ce que nos souvenirs et nos regrets ne sont pas souvent des poids qui nous empêche d'avancer quand de nouvelles générations seront d'avantage dans une dynamique constructive ? Dans le cas d'une catastrophe, plus l'on se souvient, plus l'on a perdu. Et bien sûr, notre mémoire évolue en réaction à un tel traumatisme.

Une ode ou une dénonciation de la technologie ?

L'auteur a une réponse finalement bien simple : les deux !

Elle est à la fois fascinée par les nouvelles technologies (quand on pense que l'utilisation d'un téléphone portable - ce que l'on fait tous les jours sans y penser - consiste à envoyer un message à travers le ciel jusqu'à un satellite en orbite qui va ensuite redescendre pour trouver le destinataire, c'est assez formidable) mais inquiète des effets que ça a sur notre manière d'être : on est facilement distrait de l'essentiel.

C'est un thème sur lequel il y a beaucoup à dire, et elle voulait écrire sur la technologie. Une manière de le faire était de parler de sa disparition, et c'est ce qui a donné son genre et son histoire à ce roman pour lequel elle imaginait initialement l'histoire d'un théâtre itinérante jouant de nos jours.

Quoi qu'il en soit, cela est aujourd'hui une part fondamentale de notre culture et être brutalement privé ne serait-ce que d'électricité (qui nous semble tellement aller de soi) changerait bien des choses.

Shakespeare

Au début de l'écriture, elle pensait donner à sa troupe un répertoire nettement plus varié, allant des pièces de Shakespeare jusqu'à des œuvres conçues pour la télé. Mais elle trouvait incongru que le public du futur qu'elle décrit s'intéresse à des œuvres basées sur des problématiques et des histoires intrinsèquement liées à notre mode de vie actuel qui aurait disparut.

Finalement elle a opté pour juste du Shakespeare, en particulier parce que la vie et l’œuvre de Shakespeare raisonne particulièrement bien avec la vie post-apo qu'elle décrit : à l'époque il y avait de nombreuses compagnies itinérantes, pas d’électricité, lors de la période élisabéthaine les populations étaient régulièrement décimées par la peste bubonique, ce qui hantait probablement les gens de l'époque.

Et puis, point de vue thématique et fils rouge, Arthur lui semble tout à fait le genre d'acteur à rêver de jouer du Shakespeare; et le  Roi Lear est parfait comme point d'orgue avant la perte totale de tout ce que l'on connait, puisque c'est précisément autour de cela que se construit l'intrigue de la pièce.

Et l'opposition optimisme/pessimisme ?

Elle ne voit là encore pas les choses comme cela, le but n'est pas de faire une fin heureuse ou malheureuse mais d'imaginer ce qu'il pourrait se passer. Et peut importe les bouleversements potentiels, une chose est certaine : notre civilisation continuera de changer et d'évoluer comme elle l'a toujours fait, et c'est avec cet œil qu'elle interprète la fin de son roman.

Il n'est donc pas possible d'imaginer un monde où tout deviendrait horrible partout et toujours : il y aura toujours des bulles d'espoirs et d'humanité, des moments où certains groupes de personnes iront de l'avant. Et forcément aussi toujours des prophètes avec leurs cultes obscurantiste qui apparaitront pour trouver une explication simple ("tout cela fait partie d'un plan", "nous avons dirigé le courroux de Dieu sur notre civilisation dévoyée", etc) à des évènements tragiques qui, juste, sont arrivés. Ça a été le cas à chaque fois qu'il y a une un grands vide dans le pouvoir en place, ça continuera d'arriver.

Les personnages 

Emily St. John Mandel n'a pas commencé la conception de son roman en ayant une liste de personnages en tête. Elle savait qu'elle voulait raconter l'histoire d'un troupe itinérante, et elle avait en tête la scène d'ouverture avec Arthur qui meurt sur scène. De suite, cela donne plusieurs personnages : Jeevan le sauveteur qui vient à son secours, les autres participants à la pièce, dont la petite fille inspirée par la mise en scène de James Lapine du Roi Lear (sa pièce préférée, qui de plus raisonne avec les thèmes du livre (moi j'en sais rien je l'ai jamais vu ni lu)). Puis, en imaginant la vie qu'Arthur a dû avoir sont apparus Miranda et Clark, ses deux personnages préférés.

Elle pensait initialement faire de Clark un personnage plus secondaire mais elle l'appréciait tellement qu'elle s'est retrouvé à le faire apparaître à plusieurs reprise, et il a finalement pris une place importante dans le récit.

Miranda est le personnage le plus généralement apprécié, y compris par son auteur. C'est un personnage touchant auquel on peut facilement s'identifier. Bien qu'elle ne soit pas un avatar de l'auteur elle partage certains éléments biographique avec elle : elle vient de la même petite île (renommée pour le roman), elle a appréhendé la notion de vie privée pour ma première fois en arrivant à Toronto et elle pratique son art en marge de son travail alimentaire.

C'est le personnage du prophète qu'elle trouve le plus réaliste, malgré les reproches qu'elle a reçu à ce sujet.

Arthur est le personnage central du roman, elle le décrit comme l'étoile noire autour de laquelle les autres personnages gravitent. C'est un élément indispensable à la structure du roman : celle-ci est assez compliquée, avec beaucoup de personnages, de points de vue et d'époques et il faut un fil rouge auquel se raccrocher. C'est également lui qui marque la transition entre l'avant et l'après, sa mort marque les derniers instants "normaux" de l'ancien monde. C'est pour cette raison qu'elle lui a choisi une mort "naturelle" plutôt que par la grippe, fléau qui force l'apparition d'un nouveau monde.


Station Eleven le roman graphique : un fil rouge

À part Arthur, deux éléments servent de fils rouges et son retrouvés à différents endroits du récit : le presse-papier et la bande dessinée de Station Eleven, ce qui donne une cohérence et des points d'accroches au récit.

Pourquoi avoir choisi de la BD ? Elle voulait une forme d'art pouvant être travaillée à son bureau pendant les heures de boulots. Et certaines BD/comics (note de moi : l'auteur étant américaines tous ces termes ne recouvrent pas forcément la même chose que pour nous, où de toute façon les limites sont toujours difficiles à définir) sont vraiment magnifiques.

Petit à petit de plus en plus de parallèles peuvent se faire entre l'univers et l'histoire de la BD et celui du monde post-apo dans lequel nos héros évoluent, ce qui permet d'amplifier la situation et de renforcer l'ambiance.

Son éditeur UK a eu l'idée brillante d'insérer une planche de la BD dans la première édition (UK donc) à la page où dans l'histoire une page de la BD se détache et tombe par terre.

La planche de Station Eleven dessinée par Nathan Burton pour l'édition U.K. du roman


Et ensuite ?

Il n'y aura pas de suite :  Emily St. John Mandel a passé assez de temps comme ça à penser à la fin du monde ! Et elle a envie de faire encore autre chose.

Les droits ont été vendus pour le cinéma. D'après elle, habituellement on vend les droits et ensuite il ne se passe rien du tout mais en l'occurrence elle a crut comprendre que quelqu'un bossait sur le script. Il va falloir attendre pour voir ce que ça donne.

Elle a un nouveau projet en cours, elle pense en être à peu près à la moitié du brouillon du premier jet : c'est clairement trop tôt pour en parler, elle ne le fera que quand elle pourra avoir un peu plus de recul !


Ma critique :

J'ai aimé beaucoup de choses dans ce roman : les personnages sont intéressants, bien développés et exploiter, le style est très agréable à lire, on a envie de tourner la page, on se laisse emporter par l'ambiance. J'ai aimé l'histoire aussi qui se construit par touches successives plutôt que par des actions héroïques. Il se passe des choses certes mais en majorité on regarde les personnages vivre. Ce n'est que rarement épique et j'aime ce côté que je trouve réaliste. Les personnages ne se contentent pas de subir, ils vont réagir à ce qui leur arrive pour y faire face, mais il ne vont pas non plus aller à tout prix de l'avant pour aller chercher quelque chose qui ne les concernent pas. J'ai apprécié ce côté très humain, égocentré sans être égoïste. Au final, le livre n'est pas plein de péripéties, mais on ne s'ennuie pas, notamment grâce au large panel de portraits brossés.

Malheureusement, j'ai eu un peu plus de mal avec l'univers post-apo sans électricité décrit, que je trouve un peu banal, et qui insiste sur les mêmes ficelles que par exemple la série Revolution (qui pour le coup est pas terrible). Personnellement, je trouve le côté perte de technologie décrit avec beaucoup trop d'effets dramatiques et peu crédible : je la trouve trop totale alors que sur certains points des systèmes palliatifs devraient pouvoir se mettre en place relativement rapidement, et je ne crois pas au "retour à la vie sauvage". De même, l'épuisement des ressources disponibles me semble arriver incroyable vite pour si faible proportion de population survivante.

Bon, on voit quand même justement dans ce roman l’émergence de nouveaux systèmes d'organisation par exemple, et ça c'est chouette, mais ça me semble intervenir trop tard et de manière trop locale.

Et puis, c'est de la fiction, pour on peut juste se dire que c'est comme ça et puis c'est tout. Il n'empêche que du coup j'ai gardé une certaine distance avec le roman : pas assez fantasque pour oublier mon incrédulité, pas assez réaliste pour m'en débarrasser.
Je suis néanmoins moins sceptiques sur les thèmes abordés après la rencontre avec l'auteur, qui en a donné un éclairage intéressant. Je ne suis toujours pas convaincue du réalisme de la chose, mais je pense que les questions soulevées - notamment d'un point de vue culturel - méritent de l'être.

Ma note : 3.5/5

jeudi 1 septembre 2016

Celle qui a tous les dons de Mike Carey



Descriptif éditeur 

Tous les dons ne sont pas une bénédiction

Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu'on l'emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu'elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire.

Melanie est une petite fille très particulière...

La fiche du livre sur le site de l'éditeur (l'atalante) et sur Babelio.

Ma critique 

Je me suis laissé prendre par ce roman, choisi au hasard et dont le résumé ne m'avait pas révélé grand chose. Et je n'ai pas cherché beaucoup plus loin avant de me lancer dedans (j'aimais bien le titre).

J'ai justement apprécié de ne pas trop savoir à quoi m'attendre et que ça se définisse au fur et à mesure. On découvre en même temps que l'héroïne - ou presque - sa place dans le monde. Les chapitres se focalisant sur elle en début de roman, avec sa vision très partielle et particulière des choses, m'ont beaucoup plut. C'est original et l'écriture simple y est belle, emprunte d'une naïveté intelligente. J'ai moins aimé les chapitres d'introductions des autres personnages, nettement moins originaux, plus grandiloquents et lourd, et un tantinet longuets.

Quand l'action commence le ton change pas mal, et on se retrouve avec un récit plus classique qui oscille entre divers personnages et peripéties à bon rythme. On y retrouve les schémas habituels des romans fantastiques ado/adulte, le style n'est ni ampoulé ni trop plat, mais peu original et se lit avec facilité. On suit un petit groupe de personnages auxquels on s'attache. C'est prenant, et c'est ce qu'on demande.

La morale et les grands élans sentimentaux manquent parfois de subtilité et sont répétitif et très classiques. Un partie d'entre eux par contre est bien traité avec une certaine justesse et des petites touches originales.

La fin est bien fichue, plus satisfaisante que ce à quoi je m'attendais.

Un bonne lecture détente.

Ma note : 3/5