vendredi 24 mars 2017

Ciel d'acier de Michel Moutot


Descriptif éditeur :

New-York, 11 septembre 2001, début de matinée. John LaLiberté, dit Cat, indien mohawk et ironworker (monteur d’acier), travaille au sommet d’un nouveau building à Manhattan. Le rugissement d’un Boeing au-dessus de sa tête, l’impact contre la première des tours jumelles, l’effondrement des Twin Towers : il assiste à la pire catastrophe de l’histoire américaine. Il en devient l’un des acteurs : il se précipite, comme des dizaines d’ironworkers, chalumeaux en main, pour participer, aux côtés des sauveteurs, au déblaiement des gravats, à la recherche de survivants, dans l’enfer de Ground Zero.

Les indiens mohawks, canadiens ou américains, vivent dans des réserves près de Montréal ou à la frontière avec les États-Unis. Lors de la construction en 1886 d’un pont sur le Saint-Laurent, ils ont appris et aimé ce métier qui les a conduits sur tous les ponts, les gratte-ciel, les buildings du continent. Depuis six générations, ils construisent l’Amérique. La légende, fausse bien sûr, veut qu’ils ne connaissent pas le vertige. Certains marchent comme des chats sur des poutres de trente centimètres de large à des hauteurs vertigineuses. Ils ont appris de père en fils à apprivoiser la peur, à respecter le danger, à vivre et travailler là où les autres ne peuvent pas s’aventurer.

Tous les Mohawks ont grandi « dans l’ombre des Twin Towers », comme disent les anciens dans la réserve de Kahnawake, près de Montréal. Mais John plus que tout autre : Jack LaLiberté, dit Tool, son père, est mort en les construisant, au printemps 1970, frappé par la foudre, précipité dans l’abîme. Ses amis ont caché au sommet de la tour Nord sa clef à mâchoire, son outil, son tomahawk. Dans l’effroyable magma de métal et de feu, John va partir à sa recherche.

Dès lors, le fil du passé se dévide, nous remontons le temps, pénétrons dans l’histoire des Mohawks, du premier rivet porté au rouge dans un brasero de charbon jusqu’à la construction de la Liberty Tower, qui remplace aujourd’hui le World Trade Center. Embrassant plus d’un siècle, ce roman polyphonique nous présente l’épopée de cette tribu indienne, la seule à avoir gagné, par son travail et son courage, sa place dans le monde des Blancs, sans renier ses croyances et ses traditions. Sur les traces d’une famille d’ironworkers de légende, Michel Moutot, après un extraordinaire travail de documentation, croise les destinées de plusieurs générations d’ironworkers mohawks, bâtisseurs de l’Amérique.

La fiche du livre sur Babelio, et sur les sites de ses éditeurs Arléa et Points.

Ma critique :

Ciel d'acier raconte une impressionnante histoire américaine, et réussit à rendre compte de l'impact symbolique du 11 septembre et plus particulièrement de la chute de tours - mais aussi d'autres événements ou époques historiques - pour certains américains : les mohawks canadiens "monteurs d'acier". 

Ici, le prisme choisi n'est pas celui du terrorisme. Le texte n'évoque pas la peur de l'attentat, les politiques de défense ou l’environnement politique; il se concentre sur la destruction, la recherche de survivant, la surabondance de héros de toutes sortes, le sentiment d'unité nationale, le besoin de participer à un chantier identitaire pour beaucoup. Et Michel Moutot en parle avec beaucoup de justesse, sans rentrer avec besoin de rentrer dans des discours moralistes, en restant sur des éléments concrets, à l'image de ses personnages. 

C'est d'ailleurs le tout premier livre que je lis qui met en avant des ouvriers du bâtiment. Ils m'ont semblé assez réalistes, gros bras aux horizons concrets, loin des réflexions métaphysique d'une grande majorité de héros de romans (un petit manque de finesse souligne cet aspect en fin de roman). J'ai particulièrement apprécié que le côté "indien de sa réserve" ne soit pas traité sous un angle pseudo-mystique mais tout simplement comme avoir une certaine histoire familiale et communautaire, liée à un métier. Et tout ça sans manquer de profondeur ou de personnalité et surtout sans rentrer dans la caricature : c'est fort. 

L'histoire traite de trois époques : le début de l'ère des constructions géantes auxquelles vont se joindre les mohawks, la construction des twin towers et le chantier d'excavation qui suit leur effondrement. La dernière est celle qui tient le plus de place dans le livre et de très loin la plus forte. Les autres ne manque pas d'intérêt mais peut-être un peu de chaleur : on s'attache moins aux personnages, on y cherche plus à y comprendre comment cette culture s'est fondé historiquement qu'une belle histoire. 

Le côté saga familiale n'est finalement pas prédominant, et les époques passées auraient presque pu mettre en scène des personnages de la même communauté sans liens de parenté sans que le souffle du récit en souffre vraiment. On a plus l'impression d'une sélection de quelques exemples que d'une continuité, en particulier à cause de la grande ellipse entre le début 20ème et les années 70. C'est un peu dommage, bien que ça représente une vision plus honnête du poids de l'histoire familiale que d'habitude pour le genre.

Le style n'a rien de remarquable, les phrases sont descriptives et simple : on a pas besoin de relire de phrases pour comprendre de quoi en parle. De même, les personnages sont bien identifiés. Néanmoins, le texte n'est pas épuré pour autant, et les faits décrits avec des précisions par moment un peu inutiles, qui rendent le livre un peu long. il loupe donc le côté page-turner cher aux romans historiques. 

C'est donc un très bon livre, autour de personnages peu présents dans la littérature, qui réussit à présenter de manière touchante et juste une des cultures américaines sans avoir besoin de recourir à des leçons de morale. 

mercredi 22 mars 2017

Sol de Pierre Buty


Descriptif éditeur :

Débarquez sur l’île de SOL mais choisissez bien votre camp : Aventuriers ou Conquistadors ? Une seule des deux équipes trouvera l’Idole du Dieu Soleil, mais surtout, parviendra à la ramener en sécurité à son bateau.

Dans ce jeu d’aventure basé sur un système de points d’action, les joueurs mettent les caractéristiques et la capacité spéciale de leur personnage au service de leur équipe pour explorer l’île, rechercher des indices sur la position du trésor, et combattre les personnages du camp adverse.

SOL fonctionne très bien à partir de 2 joueurs, mais il a la particularité de pouvoir réunir jusqu’à 8 joueurs pour des aventures fun, rythmées, et légères, le tout en moins d’une heure.

La fiche du jeu sur le site de l'éditeur, Catch Up Games


Mon avis :

Sol est un jeu sympathique. Il est joli et coloré, le principe - fouiller façon carte au trésor puis se piquer l'amulette - est éminemment ludique. Et les jeux de plateau par équipes ne sont pas légions (contrairement aux coop, avec ou sans traître).

Les  règles sont simples et on peut démarrer la partie rapidement que ce soit à deux ou plus, en mélangeant facilement joueurs plus ou moins expérimentés sans que personne ne s'ennuie franchement. C'est sa plus grande qualité mais aussi son défaut : c'est un peu un jeu ni-ni où rien ne déplaît violemment mais qui manque d'éléments qui le distinguent vraiment. Selon l'emplacement où l'amulette apparaît - qu'une équipe peut un peu subir en fonction du tirage des cartes et jetons - les fins de parties peuvent manquer d’intérêt. Je craignais qu'elles puissent également être interminables mais pour le moment je n'ai pas rencontrer le cas. La phase de collecte quand à elle manque un peu de tension : il est difficile d'embêter d'équipe adverse, et prendre de l'avance risque de coûter des ressources qui nous manqueront pour récupérer l'amulette.

Sol est donc un jeu plutôt bon, qui donne envie et agréable à découvrir mais qui manque un peu de souffle (de profondeur, de dynamisme ou de fun) pour s'illustrer dans une catégorie précise.


jeudi 16 mars 2017

Railroad Revolution de Marco Canetta et Stefania Niccolini


Descriptif éditeur :

Amérique, XIXème siècle. En adoptant le Pacific Railroad Act au Congrès, le gouvernement des Etats-Unis a ouvert l’intérieur du continent aux compagnies de chemin fer. La course se faisait sur la traversée des Grandes Plaines et de la Ligne Continentale, créant ainsi des Etats-Unis d’Amérique véritablement unifiés. Les campements de l’Ouest, encouragés par les Homesteads Acts, offraient d’autres incitations pour étendre le réseau de rails à travers toutes les régions du pays.

Avec des voyages plus véloces, vint une nécessité de communication encore plus rapide et les compagnies du Télégraphe prirent rapidement avantage des dispositions prises par les Acts, leur permettant de connecter leurs lignes à celles du Télégraphe des compagnies de chemin de fer en même temps qu’elles étaient construites. 

La croissance rapide des compagnies du Télégraphe rendit leurs parts très attractives auprès des entrepreneurs qui affluèrent aux terminus des nouvelles villes connectées pour obtenir une partie des actions. 

Vous êtes à la tête d’une petite compagnie de chemin de fer sur la Côte Est, concourant contre des compagnies rivales pour étendre votre réseau de rails vers l’Ouest et développer votre entreprise. Vous devrez construire des gares dans les villes que vous tâcherez de relier et contribuerez au développement du premier télégraphe transcontinental. 

Vous devrez également gérer votre force de travail avec soin, en utilisant les Ouvriers les mieux qualifiés au moment le plus opportun. 

La Révolution du Rail a débuté !



Ma critique :

Railroad Revolution est un super jeu ! On doit gérer de concert plusieurs aspects, tous finalement assez simple mais terriblement imbriqués les uns dans les autres.

Il n'y a que 4 actions principales : construire une gare, construire des rails, construire un bureau de télégraphe ou vendre son matériel. Chacune de ses actions est très simple. Mais on les déclenche avec des ouvriers de couleurs (au sens littéral) qui déclenche chacun un bonus différent pour chaque action. Et la construction de ville ou de télégraphe, de même que les actions bonus de déclenchement de train ou de marchés permettent de nouveaux choix. Les implications de nos choix généraux (quelle action, quel axe de développement) et particuliers (quelle couleur, quelle bonus, quoi dépenser) ont donc de nombreuses implications - qui restent à mon avis assez lisible pour un peu que l'on ait l'habitude de ce genre de jeu. La souplesse dans la résolution des actions (tous les effets déclenchés en un tour se font dans l'ordre que l'on veut) permet de réduire un peu l'aspect calculatoire pur.

La gestion de nos petits ouvriers de couleur (chaque couleur correspond à un "type" de bonus) s'apparente un peu le deckbuilding, mais notre stock tourne peu et varie beaucoup. La bonne gestion de ce stock est un des leviers importants du jeu et probablement son aspect le plus original.

Il y a plusieurs axes de développement. L'équilibre réciproque de chacun de ces axes est débattu, et j'ai personnellement l'impression qu'il change un peu en fonction de nombre de joueurs (avoir un gros stock d'action est légèrement moins utile à deux puisque moins de marchés sont déclenchés entre chacun de nos tour - même si ça reste une voie rentable). Le déclenchement de fin de partie dès qu'un joueur a épuisé assez de pions empêche mécaniquement de poursuivre tous les axes à la fois efficacement (il faudrait pour cela trop répartir nos pions). Globalement, il s'agit d'une course pour la victoire : il faut rentabiliser ses actions au maximum pour essayer d'en faire plus que les autres dans le temps imparti. On peut légèrement agir sur la durée de la partie en tentant de poser un peu plus de pions que les autres (et à meilleur escient).

L’interaction entre les joueurs est faible, en dehors de l'aspect course pour obtenir certains emplacements en premier (ce qui est mieux mais rarement primordial), du déclenchement des marchés au moment opportun et du moment exact de la fin de la partie.

Le thème est peu présent dans le jeu, le matériel bien fichu et agréable sans être remarquable.

Les tours sont assez rapides, et comme je suis impatiente c'est un grand point positif pour moi. Les parties même sont courtes, on joue en moins d'une heure à deux, toujours moins de deux heures à 4, même avec des joueurs débutants (et le plus souvent moins de 1h30). Un jeu riche et tendu avec une impression de profondeur pour cette durée ce n'est pas si courant et ça vaut le coup d'être remarqué.

Peut-être a-t-il effectivement quelques problèmes d'équilibre, mais il est reste vraiment très agréable à jouer, même à deux. 

Ma note : 5/5



mercredi 8 mars 2017

Le FIJ par Melle_H



« Bonjour, moi c'est Melle_H et je suis accro aux jeux. Tellement, que j'emprunte les blogs de mes
amis pour faire la couverture du FIJ en tant que presse ludique. »



« Bonjoooour Melleeee_H »





Tout d'abord, pour ceux qui ne connaitraient pas, le FIJ c'est le festival international des jeux de Cannes qui se déroulent chaque année fin février depuis 1986 et c'est LE festival français où il faut aller si on s'intéresse à l'actualité ludique. La preuve, cette année c'est plus de 300 exposants et 5000 professionnels qui s'y sont rendus (et du public, beaucoup de public).

Le FIJ de cette année a été encore un bon cru, de l'émotion, des rencontres, des fous rires, et des jeux, beaucoup de jeux.

La nouveauté de cette année a été la création de la zone Proto Lab à la fois dans le festival et au OFF pour qu'un certain nombre d'auteurs de jeux (sélectionnés par une dizaine de manifestations ludiques internationales partenaires du FIJ ( Brussel Games Festival, Centre National du Jeu, Dau Barcelona, Festival du Jeu de Valence, Flip Parthenay, Ludesco, Ludinord, Ludiquest, Ludix, Orléans Joue, Paris est ludique….) ainsi qu'un comité de sélection cannois présidé par Martin Vidberg et formé de joueurs expérimentés du Groupement azuréen des associations ludiques) puissent présentés leurs jeux dans de bonnes conditions.





La cérémonie des as d'or a été fort sympathique, surtout grâces aux auteurs catalans de kikou le coucou et aux auteurs japonais de Imagine qui ont su transmettre à la salle leur bonheur d'être là.






Les gagnants de cette année choisi par les 9 membres du jury (Erwan Berthou, François Décamp, Hélène Graveleau, Marcus, Monsieur Phal, Thierry Saeys, Michel Van Langendonckt, Catherine Watine, Nathalie Zakarian) ont été :

As d’Or 2017 : Unlock! (Un jeu de Cyril Demaegd, Thomas Cauët et Alice Carroll Illustré par Arnaud Demaegd, Pierre Santamaria, Legruth et Florian de Gesincourt, Édité par Space Cowboys - Distribué par Asmodee)


As d’Or Enfant 2017: Kikou le coucou (Un jeu de Viktor Bautista i Roca et Josep M.Allué Illustré par Gabriela Silveira - Édité et distribué par Haba)


As d’Or Expert 2017: Scythe (Un jeu de Jamey Stegmaier - Illustré par Jakub Rozalski - Édité par Matagot)
                     

Les trois jours suivants ont été consacrés à tenter de tester le plus de nouveauté et de prototype :



Les Montagnes Hallucinées, un prototype de chez Iello, un jeu coopératif party game lovecraftien très dur et stressant, trop stressant pour moi (Par Rob Daviau, illustré par Miguel Coimbra).





Batman the boardgame, prochain kickstarter de chez Monolith, mécanique type Conan.





Mafiozoo chez Super Meeple, jeu de placement, majorité avec un design sympa (Par Rüdiger Dorn , illustré par Damien Colboc, sorti le 1 mars 2017).






Exodus de chez Sweet November, mon coup de coeur du vendredi, je l'ai précommandé il devrait sortir fin avril. Un vraiment chouette jeu de placement strategique, qui demande beaucoup de reflexion et de pas vouloir rester amis avec les gens à sa table (Par Serge Macasdar , illustré par Gaël Lannurien et François Baranger. Plus dinfos sur la page facebook du projet https://www.facebook.com/Seeders-214103092116035).



J'ai eu l'immense honneur de tester la prochaine extension d'Abyss : Leviathan expliqué par M. Cathala en personne (on est tombé à 5 sur le patron de Bombyx au petit matin pour réserver la table), pas pour tout de suite mais ça rajoute vraiment quelque chose au jeu. J'ai hâte de voir comment elle va évoluer.




Photosynthesis de chez Blue Orange, je commençais à fatiguer un peu, mes petits camarades ont beaucoup aimé, moi j'ai un peu de mal à me projeter sur le plateau de jeu pour voir où le soleil va faire de l'ombre (Par Hjalmar Hach, illustré par Sabrina Miramon).




Steamers, prototype de chez Bombyx, mon coup de coeur du samedi, j'ai vraiment adoré la mécanique et l'univers visuel. Un futur très bon jeu de gestion/placement d'ouvrier (Illustration non définitive) (un jeu de Bruno Cathala et Florian Sirieix, illustré par Felideus Bubastis).




Jelly Squad un prototype de party game chez Libellud, plutot fun mais je suis nulle au jeu de rapidité (Un jeu d’Antonin Boccara).

La murder mysterium, je vous conseille de la faire.





Au off, Caca prout Hum voilà quoi …







Au off toujours Les démons d'Halloween, un proto de jeu de plateau à scenario plutôt rigolo (https://www.facebook.com/DemonsHalloween ).








Au off, Overseers de chez IGIARI, un jeu de bluff assez simple et qui tourne bien.





Arboria, je crois que je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué, mais la thématique de cette année semblait être de faire pousser des trucs, là c'était des fleurs (Par Christophe Boelinger, illustré par Bertrand Benoit, Édité par Lumberjacks [Studio], distribué par Asmodee).




Jack et le haricot magique le prochain Purple Brain, présenté par le très sympathique éditeur Benoit Forget, normalement je n’aime pas les jeux d'adresse, mais celui là je l'ai vraiment bien aimé. On lance des dés, on empile des dés, on croise les doigts pour que ça tombe pas quand c'est son tour et l'inverse quand c'est le tour des autres, on récolte les sacs d'or (Créé par Frédéric Morard et illustré par Pierô et Naïade).



Pyramids, j'ai gagné c'est forcément bien, un petit jeu de pose de carte sympa (Par Matthew Dunstan et Brett J. Gilbert, illustré par Camille Chaussy et Michael Menzel, sorti le 27 janv. 2017).


Bilan de ce FIJ : Beaucoup de jeux prometteurs, des auteurs, éditeurs, animateurs vraiment sympas. Beaucoup de regret de n'avoir pas pu tester plus de jeux (l'extension de Splendor, Magic Maze, Argh, Yamataï, Century) et surtout pas été plus au OFF.


Je serais bien sûre au prochain FIJ du 22 au 25 février 2018 !

Il reste la poussière de Sandrine Collette



Description éditeur :

Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux.
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien.
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille ?

La fiche du livre sur Babelio, et sur les sites des éditeurs : Denoël, le livre de poche et les éditions de l'épée pour sa version numérique.


Ma critique :

Un livre que j'ai adoré ! L'écriture est belle et dure. On est de suite plongé dans l'ambiance rude de cette famille. Sans bonté et sans pleurnicherie.

On suit une famille très repliée sur elle-même. La haine et la rivalité sont mises à nu régulièrement, à peine retenues le reste du temps. Pourtant le sentiment appartenance à la famille de chacun de ses membres est très fort.

Le style est superbe, j'avais d'ailleurs adoré également Des nœuds d'acier du même auteur. Elle arrive à nous plonger complètement dans un monde de brutes, vivant au plein air en Patagonie à la fin du dix-neuvième siècle. L'univers est très noir, les personnages simples sont entièrement dévoués à leur environnement immédiat, chacun avec sa propre personnalité discrète qui émerge au fur et à mesure des chapitres.

Il ne s'agit pas contre absolument pas d'un polar : il n'y a pas d'intrigue, et presque pas d'histoire même, en dehors de l'exposition des quelques personnages. On reste passif devant un tableau dont des éléments évoluent mais qui garde le même souffle. Juste après ma lecture, j'étais un peu frustrée par cet aspect. Avec le recul, je le trouve magnifique.

Ma note : 5/5



vendredi 3 mars 2017

Lyon des cendres, tome 1: Le Serment du corbeau de H. Laymore


Description éditeur :

1793, La France vit sous le règne de la Terreur. Dans la ville occupée de Lyon, un hussard affecté aux Affaires occultes enquête sur la disparition mystérieuse d’un frère d’armes. Au cours de ses investigations, il va devoir affronter des représentants de sectes étranges, des politiciens ambitieux, des bohémiens, il devra explorer des souterrains baignés de secrets anciens, il croisera une espionne italienne, une chanteuse, des chats, des corbeaux, des morts, des vivants… et des cendres.
Si la grande histoire vous passionne, si en plus celle-ci est savamment teintée de fantastique et de mysticisme, alors le premier tome de cette saga inédite est pour vous.
H. Laymore, en s’appuyant sur des faits et des lieux historiques précis, renouvelle à sa façon le roman d’aventure pour notre plus grand plaisir.


Ma critique :

Ce roman aurait pu être génial. Il mélange historique et fantastique de manière assez bluffante. Différents types et niveau de magie s'agitent dans une ambiance révolutionnaire, il y a de l'intrigue, du mystère, de l'aventure, du réalisme et de l'extravagant. L’imaginaire est très riche, imagé, varié et original. La fantastique tient par moment un peu de l'horreur, souvent de l'inquiétant et se marie très bien aux troubles de l'époques. L'historique est bien renseigné, et les scènes et lieux bien choisis pour nous en faire ressentir différentes facettes.

Mais, il y a un gros problème de style. 

Au début c'est super, les scènes présentées sont fortes en détail évocateurs, on se retrouve plongé dans une ambiance particulière. Et après... et bien pareil, en fait. Les scènes d'expositions se succèdent, chaque fois qu'un nouveau lieu, un nouveau personnage, une nouvelle idée ou juste une nouvelle scène à lieu on a des longs paragraphes introductifs fort en superlatifs. Et comme le roman se compose surtout d'une succession de scénettes variées (aspect que j'ai pas ailleurs beaucoup apprécié), c'est tout le temps. Tous les personnages, même n'apparaissant que ponctuellement, ont un nom, un prénom, un passé, un métier, souvent un surnom, et sont désigné par un de ces termes de manière arbitraire à chaque phrase (y compris par les autres personnages), ce qui est assez gratuitement confus. Et malgré cela, on n'évite pas les répétitions, avec certains termes peu usités très souvent repris. Il y a une sorte de démonstration de "grands mots qui font classe" qui finit par nuire au rythme et induit des lourdeurs. Clairement, des passages du livre aurait dû être allégés, pour être à la fois moins long, plus clairs et moins uniformément fleuris. Le tout est donc loin d'être facile à lire, on doit reprendre des phrases pour comprendre de qui on parle. 

Et ce n'est pas aidé par le fait que le livre soit très mal relu, s'il a été relu. Il y a de nombreuses fautes qui gêne la fluidité de la lecture (et pourtant je suis loin d'y être la plus sensible) : un "s'il" à la place d'un si, de nombreuses virgules en trop,  des petits mots manquant, quelques erreurs de terminaisons...

Il y a aussi quelques autres défauts : les dialogues sonnent très peu naturels et contiennent des répliques vides d’intérêt, les personnages féminins sont tous identiques (elle sont toutes exceptionnelles, rebelles au mœurs de l'époque, ninja, avec de jolies formes, félines dans leur mouvement, des yeux qui ne laissent pas indifférent,... au bout de la cinquième, ça devient usant, surtout quand on en a jamais vu sur d'autres modèles et que ça joue autant dans les clichés du genre). 

C'est vraiment dommage, parce que le fond est réellement bon, et mieux maîtrisé (et avec l'aide d'un éditeur...) le style aurait pu être super lui aussi, on sent que ce n'est pas un manque de talent de l'auteur (bon sauf peut-être pour les dialogues).

Au final j'ai eu l'impression de lire un super premier jet d'un bon roman, où l'auteur s'est un peu emballé dans les détails inutiles. et où l'éditeur n'a pas joué son rôle jusqu'au bout. 

Je tiens quand même à remercier babelio et l'éditeur, grâce à qui j'ai reçu ce livre pour Masse Critique. Et en profiter pour signaler au passage que si je râle autant, c'est parce que j'aurais voulu adorer ce livre, , que je suis ravie d'avoir découvert.

jeudi 2 mars 2017

Portal of Morth de Buster Lehn, Manuel Muñoz et Francisco Ruiz


Descriptif :

Portal of Morth est un "Tower Defense" en jeu de plateau : vous allez avoir des petits monstres qui arrivent aux bouts de chemins, et qu'il va falloir tuer avant qu'ils aient traverser votre plateau. Plutôt que de construire des tours, c'est ici des héros qui vont à chaque tour pouvoir se déplacer et taper sur les monstres à leur portée. Au passage, ils gagnent XP et or qui permettent d'améliorer vos héros ou d'en recruter de nouveaux.

Ma critique :

Le principe de Portal of Morth est très chouette ! On retrouve vraiment l'aspect Tower Defense donc pour les fans (dont je fais partie) c'est top. L'arrivée et l'avancement des monstres demande un peu de manipulation, légèrement laborieuse mais de manière encore acceptable. Le côté casse-tête pour tuer les monstres qui ont déjà trop avancé tout en affaiblissant les plus pénibles en même temps est très chouette. Il y a des choix à faire pour améliorer son équipe, qui ne sont pas anodins et dépendront de notre situation. Les quatre peuples jouables de la boîte ont chacun leur spécialiste différent ce qui apporte de la diversité. Des cartes permettent d'envoyer des crasses aux adversaires, et si on est riche on peut aussi financer des monstres pour les attaquer. Il y a un plateau pour jouer en coop'.

Une très bonne base donc.

Mais... le jeu est mal fini. L'équilibre en fonction du nombre de joueurs est mal fichu, on manque de monstres (et de tours) à peu de joueurs, il n'y a pas de possibilité simple d'augmenter la difficulté. Quelques erreurs d'impressions sur le plateau et les aides de jeu - pas si facile à consulter et absolument nécessaires - nuisent à la fluidité. Certaines cartes sont vraiment moins bien que d'autres. Les règles omettent plusieurs points de détails. Bref, on a un peu l'impression de jouer à un super proto (avec un matos assez chouette, soyons honnêtes).

On joue avec quelques variantes :
- on joue les cartes avant la phase de recrutement/action : ça rend le jeu moins chaotique (mais plus facile). On aimait pas beaucoup l'aspect d'abord je calcule puis au dernier moment en fait non je peux rien faire.
- à deux, on joue avec l'arrivée de monstres pour 4. On a alors trop de sous/XP, on bricole ça.
- à plus, les cartes jouées s'appliquent à tous les adversaires
- on joue jusqu'à achever tous nos monstres (enfin, quand c'est clair que ça va se faire on arrête)
On finit souvent la partie avec très peu de dégats (0 à 5) et des héros au max donc on a pas encore bien tuné les règles.

Globalement, il est super sympa à découvrir, et on y joue avec plaisir de temps en temps, le thème est excellent et bien rendu pour qui aime les Tower Defense. Les quelques crasses que l'on se fait ne suffisent pas à ne pas avoir l'impression de jouer à un jeu "solo" (avec quand même la pression de faire mieux que les autres). La variante coop' est sympa, plus adaptée à deux. Une fois les premières parties passées et les différents types de monstres et d'attaques mieux cernés, la partie gagne nettement en fluidité.

Ma note : 3/5. Mieux fini, il aurait sans doute gagné un point !