mercredi 27 avril 2016

La légende de Momotaro de Paul Echegoyen et Margot Remy-Verdier


Descriptif éditeur :

Dans une rivière de la région d’Okayama, une vieille femme lavait son linge et ses draps.
Voilà qu’un matin, pourtant très ordinaire, portée par le courant farceur de la rivière, une pêche énorme, charnue, rose, douce, hors du commun, vient surgir entre ses deux mains.
Les deux moitiés se séparent enfin sur la table, révélant au lieu du noyau une chose incroyable : un minuscule petit garçon est assis là.
Il se redresse, les époux le regardent, sans voix.

Le livre sur le site de l'éditeur, où vous trouverez une video de présentation et les premières pages à feuilleter.

La fiche du livre sur Babelio

Ma critique :

Si j'avais déjà rapidement entendu parlé de la légende de Momotaro à travers divers mangas, je ne la connaissait pas encore. J'ai donc sauté sur l'occasion lors du dernier Masse Critique, surtout qu'en plus l'album avait l'air chouette. J'ai eu la joie d'être sélectionnée pour ce livre, merci beaucoup à Marmaille et Compagnie et à Babelio !

Il est effectivement très chouettes, avec de belles illustrations pleines pages au style marqué, une histoire qui repose sur des schéma classiques mais avec ses particularité et son ton qui met de bonne humeur.

L'histoire se décompose en trois partie : la naissance de Momotaro et sa vie tranquille avant qu'on lui donne pour mission d'aller vaincre les démons, le voyage jusqu'à l'île où il se trouve des compagnons, et la lutte contre les démons.

La première partie est plutôt longue, en tout cas plus que ce que l'on voit habituellement dans les albums de ce type. Momotaro y est présenté comme un personnage doux et honnête, muni d'une force exceptionnelle mais ne s'en servant que pour travailler sans peine. L'ambiance de petite vie sereine est bien posée, sans compétition ou jalousie. La partie voyage est la plus "classique" avec un schéma qui se répète trois fois et où les compagnons sont vite trouvés. La partie finale est très chouette, sur des tons inquiétants et héroïque, dynamique sans donner dans le "bing bam bang"et tout ne se resoud pas en une page (bon, ok, en trois ou quatre, mais ça ne donne pas l'impression d'une fin abrupte).

L'histoire est racontée en rimes, sur un ton sympathique et plutôt rigolo. C'est un peu moins grandiloquent que les albums pour les plus petits et j'ai trouvé ça très agréable. Des références à la culture spécifiquement japonaise y sont glissé (comme le type de gateaux que Momotaro emporte avec lui), avec un petit lexique pour nous expliquer tout ça. Le texte - pas si court pour un album - se trouve dans des coins des grandes et belles images.

Parce que oui, j'y viens enfin ! Le livre est magnifique ! Les décors fourmillent de détails, les couleurs sont vraiment belles et chaleureuses, les paysages sont sans aucun doute grandioses. Les personnages sont dessinés avec des traits plus simples, ce qui leur donne un côté doux et francs. Les sourires et les expressions des visages, souvent de profils, jouent beaucoup sur l'ambiance du début du récit. On retrouve certains traits que j'associe avec un style japonisant (mais je n'y connais pas grand chose), mais aussi franchement moderne et original.

Chaque paysage - que ce soit la rivière, l'herbe à raz du sol, les falaises, l'île terrifiante ou la forêt - est travailler avec beaucoup de soin et donne de suite une ambiance. On regarde vraiment l'image de toute part avant de juste s'en servir pour porter l'histoire. J'ai particulièrement aimé l'île aux monstres avec ses détails à trouver quand les personnages pas rassurés ont l'impression d'être observés, même si - il faut bien l'avouer - le principe est déjà vu, ça reste extrêmement bien réaliser.

En fin d'album on a même le droit de découvrir comment les illustrations ont été réalisées, avec les étapes successives de plusieurs planches.

Plus globalement, le travail d'édition et de mise en page est également très réussi. 

Tout à fait le genre d'album que les parents aimeront encore plus que les enfants, même si ceux-ci ne devraient pas être en reste devant la belle histoire, bien construite et bien portée. 


mercredi 13 avril 2016

Nippon de Nuno Bizarro Sentieiro et Paulo Soledade



Descriptif et avispersonnel :

Nippon est un gros jeu de gestion dans lequel les joueurs vont développer des usines de productions afin de pouvoir s'installer sur le territoire et y remporter des majorité.



Le système d'action est très original : il y a une poignée de cases d'actions sur lesquelles sont placées aléatoirement des meeples de couleur. A son tour, un joueur récupère un meeple pour faire une des actions correspondantes, ou alors il "consolide" : il remet tous ses meeples dans le sac et reçoit des revenus, en fonction de son état de développement, mais chaque couleur de meeple lui coutera. A cette occasion, il récupère un jeton bonus, permettant d'augmenter les points marqués en fin de partie sur un critère au choix mais qu'il faut choisir immédiatement. Ce système de meeples et revenus apporte une gestion des ressources à court terme à optimiser, tout en permettant une petite interaction indirecte sur les couleurs récupérée par les uns et les autres. De l'autre côté, la gestion de bonus permet une orientation sur le long terme dans la partie.


Les actions sont assez simple : progresser sur ses pistes de développement, produire dans les usines, s'implanter sur le territoire, construire de nouvelles usines, bonifier certaines régions pour si on y sera majoritaire, améliorer la production de nos usines, remplir des contrats de production... Tout coute cher, et on est sans arrêt en train de se demander s'il vaut mieux faire une action médiocre de suite ou se concentrer sur en faire une meilleure, plus tard, peut-être. En espérant tout de même réussir à s'implanter avant les décomptes intermédiaires et ne pas se faire piquer les usines qui nous intéresse. Le timing est très important, sur pleins de petits détails ou de gros points stratégiques. Il ne faut pas perdre de vue nos objectifs à moyen terme pour une optimisation plus locale, mais savoir tout de même profiter d'une bonne opportunité.



Le placement sur le plateau est bien tendu : on peut se placer sur les cases pour lesquelles on produit la bonne ressource, à condition que la place soit libre ou que l'on puisse virer l'adversaire présent en s'y installant avec une meilleur force, c'est à dire avec plus de ressources produites. Il faut donc bien surveiller ce que font les adversaire, surtout que la finalité est une majorité sur une région complète, on peut donc deviner leurs intérêts et nos risques, à plus ou moins long terme. Ca peut être assez agressif sans être chaotique. Une fois la valeur maximale atteinte pour une ressources, on devient indélogeable, mais c'est assez difficile à réaliser en début de partie et on est limité dans os forces à placer : on place effectivement des jetons numéroté, dans le nombre est très limité (un ou 2 exemplaire de chaque par joueur, avec des valeurs allant de 1 à 7).

À moins de 4 joueurs ce système fait un peu un flop : les règles ont été bricolés pour dire que l'on ne peut pas être trop nombreux dans une région, mais du coup les différents type de productions interagissent entre elles de manière bizarre, et rapidement on ne peut plus se placer avec les ressources les moins chères. Le système de majorité se rapproche un peu d'un concours à celui qui aura la plus grosse, et c'est dommage.


Globalement, j'ai eu un vrai gros coup de coeur pour se jeu, qui allie beaucoup d'éléments dont je suis fan :

- un savant mélange entre intérêts à court, moyen et long terme

- du timing à gérer de partout

- chaque choix et un renoncement

- une interaction indirecte potentiellement agressive mine de rien, même si elle se voit principalement sur les questions de majorité

- des bonus qui peuvent plus ou mins combotter sans non plus faire le café

-des interactions subtiles entre les différentes actions  avec un petit côté casse-tête sur comment boot-strapper (et donc, quelle action on accepte de faire de manière non optimale pour pouvoir enchainer les autres)


Et décidément, c'est un jeu qu'il faut jouer à 4.


Le côté gestion de la production d'usines et le type d'actions disponibles rappellent un peu les jeux de gestions d'il y a une dizaine d'années. Moi j'aime, mais j'ai vu des gens le bouder un peu pour ces raisons. C'est ultra tendu, mais pas facile d'accès.