lundi 30 janvier 2017

Le dernier Lapon d'Olivier Truc


Résumé éditeur :


L'hiver est froid et dur en Laponie. À Kautokeino, un grand village sami au milieu de la toundra, au centre culturel, on se prépare à montrer un tambour de chaman que vient de donner un scientifique français, compagnon de Paul-Emile Victor. C’est un événement dans le village. Dans la nuit le tambour est volé. On soupçonne les fondamentalistes protestants laestadiens : ils ont dans le passé détruit de nombreux tambours pour combattre le paganisme. Puis on pense que ce sont les indépendantistes sami qui ont fait le coup pour faire parler d’eux.

La mort d’un éleveur de rennes n’arrange rien à l’affaire. Deux enquêteurs de la police des rennes, Klemet Nango le Lapon et son équipière Nina Nansen, fraîche émoulue de l’école de police, sont persuadés que les deux affaires sont liées. Mais à Kautokeino on n’aime pas remuer les vieilles histoires et ils sont renvoyés à leurs courses sur leurs scooters des neiges à travers l’immensité glacée de la Laponie, et à la pacification des éternelles querelles entre éleveurs de rennes dont les troupeaux se mélangent. Au cours de l’enquête sur le meurtre Nina est fascinée par la beauté sauvage d’Aslak, qui vit comme ses ancêtres et connaît parfaitement ce monde sauvage et blanc.

Que s’est-il passé en 1939 au cours de l’expédition de P-E. Victor, pourquoi, avant de disparaître, l’un des guides leur a-t-il donné ce tambour, de quel message était-il porteur ? Que racontent les joïks, ces chants traditionnels que chante le sympathique vieil oncle de Klemet pour sa jeune fiancée chinoise ? Que dissimule la tendre Berit malmenée depuis cinquante ans par le pasteur et ses employeurs ? Que vient faire en ville ce Français qui aime trop les très jeunes filles et a l’air de bien connaître la géologie du coin ?
Dans une atmosphère à la Fargo, au milieu d’un paysage incroyable, des personnages attachants et forts nous plongent aux limites de l’hypermodernité et de la tradition d’un peuple luttant pour sa survie culturelle. Un thriller magnifique et prenant, écrit par un auteur au style direct et vigoureux, qui connaît bien la région dont il parle.


La fiche du livre sur Babelio et sur le site de ses éditeurs, Métailié et Points.


Ma critique :

Un beau roman, qui m'a permis d'en apprendre beaucoup sur les lapons.

On suit un duo d'enquêteur en Laponie. Spécialisés en police des rennes - ils règlent habituellement des conflits de débordement des troupeaux sur les terres du voisin ou d'accident de rennes donnant lieu à compensation - les deux héros, pour leur connaissance du milieu, se retrouve mêlés à deux enquêtes plus traditionnellement policière (vol et meurtre).

L'ambiance est très réussie, tout comme les personnages qui sortent un peu (mais pas trop quand même) des stéréotypes habituelles sur les duos de flics. Un vent frais sur une trame plus classique.

Car le déroulement de l'enquête n'est pas vraiment déroutant : d'abord l'ambiance "avant", puis le crime est commis puis rassemblement d'indices et découverte de tensions avec des pistes ouvertes, puis un événement majeur sur le passé et révélé et enfin arrive l'élément qu'il manquait et permet de tout remettre en place avant la conclusion. Ça fonctionne, mais c'est surtout un bon support pour raconter la région.

J'ai bien aimé les relations humaines de ce roman : les dialogues et plus généralement les liens entre protagonistes font vrais, avec moins d'élan de passions inexpliqué que ce qui se fait habituellement en littérature. C'est également vrai pour l'aspect culturel, qui ne nie pas la modernisation des modes de vie.  n des points remarquable du livre est aussi son féminisme moderne : par exemple, les regards lourds et gênant des hommes pour l'héroïne attirante font partie du paysage, y compris du côté des "gentils" sans que cela ne soit "bien" pour autant.

Il y a peut-être quelques longueurs, notamment une fois que l'on passe côté résolution et qu'ayant compris l'essentiel on peste de voir nos héros et l'histoire patiner - bien que cela nous permette de découvrir ou d'approfondir certains aspects culturels. Et j'ai un peu regretter que certains personnages se voient diabolisés à outrance, donnant une impression de manichéisme globale.


Un très bon livre, qui m'a totalement fascinée au début, un peu moins à la fin et que je suis ravie d'avoir lu dans ma vie. Et c'est bien écrit.

La surprise et la nouveauté du thème - bien que très présents dans ma lecture - ont peut-être été amoindris comme j'avais déjà lu La Montagne Rouge, troisième tome des aventures de la police des rennes d'Olivier Truc, lecture complétée par une rencontre passionnante avec l'auteur.
Ma note : 4/5

dimanche 22 janvier 2017

Good Morning, Midnight de Lily Brooks-Dalton


Résumé éditeur

« Ainsi prend fin le monde, non dans une explosion, mais dans un murmure. » T. S. Eliot

Augustin, un brillant astronome, est en mission dans l'Arctique lorsque sa base est évacuée. Alors que les militaires rapatrient ses collègues, il refuse de quitter l'Observatoire. Quel que soit le danger, il veut finir ses jours ici, les yeux dans les étoiles. La rencontre avec une fillette de huit ans change ses plans : il doit reprendre contact avec le monde pour qu'elle soit sauvée. Mais toutes ses tentatives restent sans réponse...
Alors qu'une jeune astronaute, Sully, quitte Jupiter pour regagner la Terre avec son équipage, elle perd tout contact avec Houston. Augustin capte son appel. Au fil des échanges, ils vont se découvrir et se rapprocher, malgré l'immense vide qui les sépare. Ensemble, ils affrontent leurs peurs et leur solitude, réfléchissent sur leurs choix passés et affrontent le futur qui les attend.



Avant-première 

Ce livre sort le 26 janvier (en traduction française, il est sorti depuis quelques mois aux États-Unis), il m'a été offert par les Presses de la Cité via une opération Babelio, merci à eux ! C'est le premier roman de son auteur, donc une vraie première que j'étais impatiente de lire ! 

Mon petit résumé :

Un vieux chercheur est resté seul dans un centre d'astronomie dans la toundra. Marginal, il ne s'est toujours intéressé qu'aux étoiles et à la gloire. Une étrange et discrète jeune compagne se trouve là, et ils cohabitent à leur manière. En parallèle, on suit également une astronaute dans une petite équipe de retour de Jupiter. Dans les deux cas, ils ont perdus tout moyen de contacté le reste de l'humanité : plus personne ne répond aux messages envoyés. Comment vont-ils réagir et se reconstruire dans cette solitude ?

Ma critique : 

Ce court roman est une très belle découverte !
J'ai été envoûtée par le début du livre : l'ambiance est très particulière, les personnages réellement originaux et la plume belle. Le roman évolue vers de plus en plus de sentimentalisme, de belle manière mais qui manque peut-être un peu de subtilité par moment. 

Si le thème est décidément SF, l'ambiance ne l'est pas du tout. Le côté épique de la conquête spatial n'est que peu voir pas évoqué si ce n'est dans les aspirations des astronautes, l’événement étrange qui semble s'être emparé de la Terre reste en marge du récit et n'a d’intérêt que pour ce qu'il provoque pour nos personnages. J'ai beaucoup aimé cet aspect entièrement constitué sur une ambiance originale, qui n'a pas peur de choisir des personnages hors du commun. 

Car le récit est vraiment centré autour de nos personnages. Si on en apprend plus sur leur vie et sur leurs réactions, l'essentiel est dans leur introspection face à la solitude. Oui, ça peut paraître chiant comme ça, mais absolument pas ! La belle plume de l'auteur (et de la traductrice) rend la lecture particulièrement agréable. Et l’aspect mystère contribue à donner envie de lire la suite.  Ce pourrait-être un n-ième roman introspectif sur pourquoi je n'en ai pas fait assez pour réussir ma vie et le revirement de la quarantaine (enfin, à des âge différents pour nos deux héros) mais en choisissant des personnages franchement différents, qui assument leurs choix et ont globalement choisi cette vie animée par la science plutôt que par la famille, l'auteur apporte quelque chose de neuf. 

Malheureusement la situation ne reste pas ainsi, et avec le temps les deux s'attendrissent. Ce qui est plutôt bien fait un temps, et avec beaucoup de poésie. Mais le trait est trop forcé, le revirement trop profond (presque au point d'en oublier l'essence des personnages) et quelques (rares, tant mieux) scènes franchement niaise. 

Leur passé familial finit par être central et parfois avec lourdeur et répétition. 

Au sein du vaisseau spatial, si on se concentre sur un personnage principal, elle ne vit pas seule et chaque membre de l'équipage à sa propre personnalité. Pour ma part, je les ai trouvé un peu trop stéréotypés, donnant à certaines scènes une ambiance un peu chick-lit qui ne m'a pas convaincue (la plus jeune des astronaute tellement sensible qui veut des câlins, le flirt avec le capitaine ferme mais tellement humain, le collègue irascible qui ne sourit qu'avec sa famille...) ce qui rend en plus le personnage principal un peu trop "parfait", ou en tout cas comme tout le monde plutôt qu'aussi marginale qu'on nous l'a initialement présentée. Dommage, parce que sinon l'ambiance de la navette est particulièrement bien décrite. 

Le vieux qui vit dans son monde -intérieur comme extérieur, est plus touchant, même si là aussi on finit par glisser vers trop de sentimentalisme. 

La plume finit également par ce faire répétitive : les mêmes thèmes sont répétés, le même vocable réutilisé. L'évolution des personnages dans des situations similaires est mis en exergue de ce fait, ce qui est plutôt réussit, mais ça l'aurait été d'avantage si leurs évolutions auraient été plus discrètes. 

J'aurais aimé un revirement moins total, un peu plus de nuances, une meilleure continuité sur les thèmes spatiaux. Ça ne gâche pas cette belle histoire, la rendant juste un peu gentillette. 

Il n'empêche que c'est un excellent livre. C'est peut-être pour ça que je suis aussi dure avec une deuxième partie du roman : j'en attendait beaucoup, ayant été complètement transportée par la première. Ce n'est *qu'un* beau roman, là où, après une petite centaine de pages, je m'attendait à un énorme coup de cœur.

Ma note : 4/5


jeudi 19 janvier 2017

Le royaume d'Emmanuel Carrère



Ma critique :

Une belle découverte en livre lu !

Ce n'est pas un roman, mais une sorte d'étude historique sur la vie d'évangélistes - tant sur les faits que sur leurs motivations, leurs relations, leurs philosophies. Plus qu'un exposé de résultats, c'est beaucoup un exposé de cheminement, avec une attention toute particulière aux indices laissés par la trace écrite et aux différentes conséquences possibles - tant avérées que spéculées.

Le ton est savant mais néanmoins divertissant. La pédanterie de l'auteur - assumée, pour une fois - exsude de partout, ce qui d'habitude m'agace. Mais là, ça fonctionne, peut-être par son côté assumé et par la manière dont je l'ai reçu - écouté plutôt que lu. Bon, la scène de porno complètement gratuite juste pour prouver que l'auteur assume et de ce fait se place au dessus des autres est un peu too-much quand même. De même que l'introduction sur son parcours spirituel personnel est un peu longuette et grandiloquente. 

J'ai été plus que ravie par la version audio : c'est très bien lu par l'auteur, avec un ton plus naturel que théâtral. C'est bien écrit, et d'une manière qui s'apprécie à l'oral, même quand on réécoute un passage pour retrouver le point où l'on s'est arrêté. Et surtout, c'est finalement un peu un amalgame d'anecdotes, donc on a moins besoin de suivre le fil que pour beaucoup de roman, une "session" d'écoute isolée a un intérêt. Le tout est fluide, presque comme une conversation avec un ami qu'on aime écouter parler (et qui aime s'écouter parler aussi). 
J'écoute surtout des livres lus pour me détendre et m'endormir, ce qui ne fonctionne qu'avec des choses qui m'intéressent. Là, c'était parfait.

Côté religieux, je suis a priori assez inculte, et j'ai par moment loupé des références ou été un peu perdue sans que cela ne m'ai jamais fait perdre le fil. C'est un livre dont on peut apprécier le fond et la forme sans absolument tout comprendre. Moi qui n'en ai pas l'expérience personnelle, j'ai apprécié d'y entendre parler de spiritualité et de quelques exemples de ce que l'on peut mettre derrière, avec une manie de tout décortiquer et expliquer rationnellement - ou en tout cas humainement - qui me parle. 

Pour moi qui aime le côté documentaire, les enquêtes, les belles voix graves, la psychologie de comptoir et qui suit curieuse de la manière de penser des autres (religieux antique et actuels comme du riche parisien mégalo) j'ai adoré ce livre lu.

Merci donc à ma bibliothèque !

samedi 14 janvier 2017

L'ami retrouvé de Fred Ulhman


Descriptif éditeur :

Âgé de seize ans, Hans Schwartz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart.

Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescence.

C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart.

Les parents de Hans qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé.

Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.


La fiche du livre sur Babelio


Ma critique :

Ce court roman nous présente une petite tranche de la vie d'un adolescent "juif mais pas trop", en Allemagne lors de la montée du nazisme. Un des sujet centrale est une amitié fusionnelle entre deux jeunes hommes intello un peu marginaux/dans leur monde.

J'ai beaucoup aimé la manière dont la passion amicale adolescente est décrite. C'est bien écrit, plein des élans de l'adolescence avec ses grandes questions, ses envies d'absolu et l'intime conviction d'être plus malin que les autres.

J'ai moins aimé ce que je pensais être plus présent dans le roman, et plus subtilement : l'antisémitisme et sont ressenti. J'ai été mis un peu mal à l'aise pendant les passages où le narrateur se justifie au lecteur, comme pour se dédouaner, de ne pas être vraiment trop juif, de n'être pas impliqué dans la religion ou le communautarisme, de ne pas être comme "ces autres juifs". J'ai du coup eu l'impression qu'une des idées derrière était que c'était particulièrement injuste que sa famille ait été touchée surtout parce qu'ils n'étaient pas des *vrais* juifs.

Le côté insidieux du racisme, la honte de l'autre est bien présente, j'aurais aimé la voir plus apparaître par petite touches qu'autour d'un seul élément.

La fin du livre est sur un ton très différent, ressemble plus à un témoignage nous permettant de comprendre à quoi la fuite de l'Allemagne a pu ressembler pour certains jeunes juifs issus de famille aisés. C'est intéressant mais moins littéraire.

Le livre a une vraie chute qui ne m'a pas complètement emportée.

dimanche 8 janvier 2017

Les cités perdues de Reiner Knizia, et quelques infos sur l'auteur


Description éditeur :

Pour d‘intrépides aventuriers, il existe encore plusieurs cités perdues à découvrir et explorer. L’expédition pourrait vous conduire sur les sommets de l’Himalaya, au coeur de la forêt tropicale brésilienne, en plein désert brûlant, au milieu de régions serties de volcans en éruption ou enfin, au plus profond des mers. Évidemment, les aventuriers ne peuvent se lancer dans toutes les expéditions en même temps ! Celles-ci nécessitent des ressources qui sont très limitées. Les explorateurs devront faire des choix déchirants. Les plus audacieux pourront même parier sur les chances de réussite de leur entreprise.

10 ans +
2 joueurs
30 min*

Le jeu sur le site de l'éditeur, Filosofia.

* Ça, c'est parce que le jeu est censé se passer sur plusieurs manche je crois. Une manche c'est une petite dizaine de minutes. 


La paragraphe culturel sur l'auteur :

Les cités perdues est loin d'être une nouveauté puisqu'il est sorti en 2000 - ce qui est plutôt vieux pour un jeu. Reiner Knizia, son auteur, est extrêmement prolifique et à l'époque son nom apparaissait partout. Il a fait quelques merveilles autour des années 2000, beaucoup de jeux familiaux un peu froid à l'allemande de qualités très inégales, et a même signé (ou en tout cas mis son nom sur) un jeu Nintendo DS d'entraînement cérébral. Il fait partie des auteurs qui ont beaucoup participé à l'essor du "jeu de société moderne". C'est probablement l'auteur de jeu le plus célèbre au monde, presque une sorte de célébrité mineure en Allemagne. On le voit nettement moins depuis qu'il a enfin obtenu le Spiel des Jahres en 2008 - pour Keltis - après de très nombreuses nominations. La rumeur veut qu'il a plus été récompensé pour l'ensemble de son oeuvre.

Il est notamment l'auteur de :
- Art moderne, un jeu simple et fourbe de pures enchères
- Tigre et Euphrat, un jeu de placement de tuile méchant et profond
- Durch die Wüste, un jeu de placement très stratégique, (dans le même esprit que Kingdom Builder par exemple, en plus calculatoire)
- Samurai, un jeu de placement majorité
- Ra et Amun Ra, qui viennent tous les deux de ressortir en français
- Camelot, un petit jeu de cartes
- Génial, un jeu abstrait dans l'esprit de Qwirkkle
- Le seigneur des anneaux coop, apparemment son plus gros succès mais moi je connais pas du tout ^^

Et donc Cités perdues (souvent présenté avec Schotten Totten, un autre jeu du Dr Knizia à deux, basé à peu près sur le même principe).

Bref, il a créé des jeux vraiment très varié (bon, ok, il donne assez peu dans le pur ambiance déjanté), dans des genres encore peu existants à l'époque. Tout en produisant un grand nombre de jeux sans intérêt aussi.


Ma critique de cités perdues :

C'est un des mes petits jeu préférés ! Le thème est complètement transparent, il s'agit juste de poser des cartes par ordre croissant devant soi. Sauf que l'on a que huit cartes à la fois, et qu'il faut jouer une carte à chaque tour, quitte à devoir défausser et à rendre la carte disponible pour l'adversaire - qui pourra la récupérer au moment de son choix. C'est un jeu où il faut autant voir ce qui nous rapporte des points que ce qui pourrait en donner à l'adversaire. Mieux vaut perdre 8 points qu'en faire gagner 20.
Au cœur du jeu, un principe de prise de risque et de temporisation, et donc forcément pas mal de hasard.

Les règles sont simple mais le décompte de point pénible pour la durée de partie. C'est terriblement addictif.
Cités perdues en 5 critères
Ma note : 5/5

Il est possible d'y jouer sur HappyMeeple, un petit site que j'aime bien pour jouer des jeux sans prises de tête pour tuer 10 minutes.

Et donc Keltis, c'est quoi ?

C'est le même principe, chacun doit poser des cartes devant soit par ordre croissant (ou décroissant
cette fois). Ce qui nous permet de progresser sur des pistes, qui remplace les points de victoire au décompte laborieux. Ça se joue de 2 à 4. Mais, et c'est un grand mais, c'est moins tendu que cités perdues, on se contente d'avantage d'attendre ses cartes  plutôt que de bloquer les autres. Et ça c'est triste. Il a eu plusieurs versions dérivées comme Keltis cartes (oui oui c'étaity déjà un jeu de cartes - dans une grande boîte- à la base), ou dés (appelée "Keltis Or")

samedi 7 janvier 2017

Carnaval de Ray Celestin


Descriptif éditeur :

Un premier roman exceptionnel, basé sur des faits réels survenus à la Nouvelle-Orléans en 1919.

Si la Nouvelle-Orléans est la plus française des capitales américaines, elle est aussi considérée par beaucoup comme la face obscure du pays, enfouie au cœur du sud profond. Construite sur des marécages sous le niveau de la mer, la ville est depuis toujours la proie de tornades, d’ouragans, d’inondations, d’épidémies. La nature du sol en fait une cité qui se fissure, où même les morts ne peuvent être enterrés normalement. Alligators, serpents, araignées hantent ses marais. Ses habitants ont ainsi depuis longtemps l’habitude de la menace. Et pourtant… Lorsqu’en 1919 la ville devient la proie d’un mystérieux serial killer qui laisse sur les lieux de ses crimes d’étranges lames de tarot, la panique gagne peu à peu. On évoque le vaudou. Les victimes étant toutes d’origine sicilienne, les rivalités ethniques s’exacerbent. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, et Ida, une jeune métisse, secrétaire de l’agence Pinkerton, vont tout faire pour résoudre l’affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets bien gardés. Alors qu’un ouragan s’approche de la ville, l’Ange de la mort, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche.

Tensions raciales, corruption, vaudou, jazz et mafia : Ray Celestin a trouvé les ingrédients idéaux dans une série de meurtres qui ont réellement enflammé la Nouvelle-Orléans après la Première Guerre mondiale. Il nous offre un premier roman inoubliable, au suspense omniprésent, doublé d’un portrait de la ville d’un réalisme peu commun. Depuis L’Aliéniste de Caleb Carr, on avait jamais vu ça !

Traduit de l’anglais par Jean Szlamowicz

La fiche de livre sur Babelio et sur le site de l'éditeur, cherche-midi.

Ma critique :

Carnaval est un roman policier bien construit.

Il se base sur une idée assez originale : envoyer trois enquêteurs aux trousses du même tueur, chacun pour ses propres raisons et sans qu'il n'y ait de rivalité entre eux - où même d’intérêt pour ces enquêtes parallèles. Chacun suit des pistes différentes, ce qui nous révèle différentes facettes de ce qu'il se passe.  J'ai bien aimé l'absence de "fausse piste" : chaque piste a une raison d'être là et nous dévoile un petit quelque chose, même si elle ne nous rapproche pas énormément du tueur.

La Nouvelle-Orléans de l'époque est bien décrite et est un des points central de ce roman. Son communautarisme, son climat particulier, la ségrégation, sa mafia, sa musique, sa légèreté, sa criminalité élevée... De nombreux aspects sont abordés au fur et à mesure de l'histoire. J'ai d'autant plus apprécié que j'ai déjà eu (brièvement) l'occasion de visiter la ville. De plus l'histoire se passe à un moment qui constitue un tournant dans l'histoire d'une ville autant tournée vers le plaisir : peu après la fermeture (officielle) des bordels et l'interdiction de certaines drogues, juste avant la prohibition. Les personnages -principaux comme secondaires ou figurants - couvrent un spectre très varié, à l'image des communautés de la ville.

Je regrette tout de même l'absence quasi totale de superstition, de religion ou d'ésotérisme, alors que la couverture me laissait croire à leur présence. Ici, pas d'ambiance mystico-inquiétante, dès le début de telles explications sont complètement rejetée par les personnages tous très cartésiens sans même un frisson.

Si le livre est globalement bien écrit, il est facile à lire et les phrases sont un peu trop souvent plates. C'est dommages, parce que les quelques tentatives un peu plus recherchées sont réussie. Au début du roman notamment, j'ai beaucoup aimé la manière dont est décrit la musique jazz qui envahie la ville.

Il y a plusieurs références à Sherlock Holmes que j'ai trouvé un peu inutile, et les noms des personnages ce sont glissés ça et là dans le décors. Ça aurait pu être une idée rigolote, mais là ça m'a fait sortir de l'ambiance, trop différente de celle de Conan Doyle. C'est dommage, avec plus de modération certains points - comme le fait de souligner qu'il s'agit de la même époque à deux endroits différents et qu'il s'agit de récits populaires- auraient été très appréciables.

Le livre a une vraie fin avec du plaisir jusqu'au bout, tout en réussissant à conserver un certain réalisme dans le dénouement. Tout n'est pas forcément bouclé, la vie continue.

Ma note : 4/5