lundi 29 août 2016

Mille femmes blanches de Jim Fergus

Descriptif éditeur

En 1875, un chef cheyenne, Little Wolf, se rend à Washington pour demander au président Ulysses S. Grant de lui faire présent de mille femmes blanches, dans le but d'"assurer la sécurité et la prospérité d'un peuple assiégé de toutes parts". Les volontaires seront recrutées pour la plupart dans les pénitenciers et les asiles de fous. Prenant pour point de départ ce fait historique, Jim Fergus retrace l'aventure de ces femmes parties vivre dans les grandes plaines de l'Ouest ; à travers les carnets intimes de l'une d'elles, May Dodd, le lecteur partage leurs appréhensions et leurs doutes, mais aussi leur exaltation à la découverte émerveillée d'une civilisation respectueuse des individus et de l'environnement. Jim Fergus signe là son premier roman, véritable hymne d'amour au peuple cheyenne et condamnation sans appel de la politique indienne du gouvernement américain d'alors. La parution de ce roman a été saluée par de nombreux auteurs et les droits du livre achetés par Hollywood.

Ma critique  

J'ai beaucoup aimé ce roman historique.

On y suit une femme aristocratique mise au ban de la société qui va, via un programme gouvernemental, intégrer une tribu cheyenne.

J'ai particulièrement apprécié la manière dont les cultures de l'époque - américaine blanche bien pensante ou cheyenne - sont abordées. Le récit est très humain, avec un personnage principal cohérent, pas forcément en phase avec son époque (rebelle, moderne, féministe) auquel on s'attache très facilement. Ses combats et ses convictions nous sont facilement accessible et mette en relief la différence de culture et de valeurs de l'époque avec la notre ou celle des indiens - malheureusement en n'évitant pas certains poncifs mais ça reste plutôt minoritaire.

L'histoire est intéressante et nous donne envie d'en savoir plus. On des femmes blanches allant intégrer par le mariage une tribu cheyenne. Leur voyage et leur quotidien n'est pas plein de suspens mais tous les éléments sont pittoresques ou étonnants, ça fourmille de détails intéressants et inspirés, et surtout le ton sur lequel c'est raconté est très chouette.

Le récit est présenté comme un sorte de journal intime de l'héroïne, avec des passages introspectifs et de mise en perspective entre sa vie actuelle, future et passée, c'est par moment un peu larmoyant ou envolé sans être lourdingue mais surtout plein d'esprit et d'humour. Les personnages décrits - notre narratrice tout comme les autres femmes qui l'accompagne ou les hommes qu'elle rencontrent - sont hauts en couleurs et variés, tout en ayant consistance et logique (enfin, j'ai tout de même nettement moins appréciée le côté humour burlesque autour de la grosse femme suisse bonhomme avec son accent).

J'ai un peu moins aimé l'épilogue, façon il faut tout conclure au détriment de la logique du récit (dans le fait que ce soit écrit de cette manière), alors que ça réussissait justement à bien justifier le côté journal intime écrit irrégulièrement.

Côté idées défendues, c'est très féministe, à la fois dans ce qui ressort et dans les idées exposées par le personnage principal. Celle-ci en fait tout de même parfois un peu trop (du genre les femmes sont bien meilleures que les hommes, etc) et c'est justement très chouette d'avoir l'impression d'avoir à faire à une vraie personne avec ses excès par moment. Autrement, l'idée qu'une femmes peut aimer le sexe / un ou des hommes sans une se soit une obsession, une perversion ou une terrible tare due à des traumatisme d'enfance malgré ce qu'on en disait à l'époque (et, malheureusement et bien que sous des formes différentes, encore maintenant) est très bien traitée sans en faire des tonnes. Comme beaucoup d'autres. Autre exemple, le côté mariage arrangé contre des chevaux n'est pas du tout vu de la même façon par tous les personnages, et le système de valeurs des différents protagonistes fait sens.

C'est agréable et facile à lire, avec un style pas trop redondant, en particulier pour le format "journal intime". On a l'impression de reconnaître la plume et la personnalité de l'héroïne avant celle de l'auteur et ça, c'est une belle réussite ! Sans aucun doute beaucoup trop moderne, mais ça en fait un roman facile à lire. Pour ma part, je l'ai dévoré en deux jours.

Globalement, le livre est touchant, intelligent, profond, exotique et léger. C'est du tout bon, où presque : il y a quand même un personnage que j'ai trouvé moins bien exploité que les autres et le manichéisme est par moment un tout peu peu trop exacerbé.

Merci à Marie-Véronique pour m'avoir fait découvrir et prêté ce livre !


Quelques citations

Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages.
 Cette citation ouvre le premier chapitre et résume un idée très forte du livre, qui pour moi en fait sa grande force et son originalité.


Tandis que si une fille se met à beugler à cause d'un type qui la violente, les autres sont bien capables de venir prendre la suite derrière le premier. Alors que s'ils te prennent pour un gars et qu'il y en a un qui en veut à tes fesses, les autres vont le traiter de pervers et lui coller une trempe. Les hommes sont de drôles de bestiaux, tiens, pour sûr.

 Le livre est truffé de remarques "féministes" (parce que oui, malheureusement dénoncer la culture du viol c'est considéré comme du féminisme...) plutôt bien construites telles que celle-ci. Par moment, c'est peut-être même un peu trop accentué pour ne pas y voir de l'anachronisme, mais bon... On retrouve aussi pas mal de remarque sur la supériorité féminine ou choses approchante, ce avec quoi je suis nettement moins d'accord mais qui colle parfaitement à l'héroïne du roman !

Ma note : 4/5

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire