samedi 7 janvier 2017

Carnaval de Ray Celestin


Descriptif éditeur :

Un premier roman exceptionnel, basé sur des faits réels survenus à la Nouvelle-Orléans en 1919.

Si la Nouvelle-Orléans est la plus française des capitales américaines, elle est aussi considérée par beaucoup comme la face obscure du pays, enfouie au cœur du sud profond. Construite sur des marécages sous le niveau de la mer, la ville est depuis toujours la proie de tornades, d’ouragans, d’inondations, d’épidémies. La nature du sol en fait une cité qui se fissure, où même les morts ne peuvent être enterrés normalement. Alligators, serpents, araignées hantent ses marais. Ses habitants ont ainsi depuis longtemps l’habitude de la menace. Et pourtant… Lorsqu’en 1919 la ville devient la proie d’un mystérieux serial killer qui laisse sur les lieux de ses crimes d’étranges lames de tarot, la panique gagne peu à peu. On évoque le vaudou. Les victimes étant toutes d’origine sicilienne, les rivalités ethniques s’exacerbent. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, et Ida, une jeune métisse, secrétaire de l’agence Pinkerton, vont tout faire pour résoudre l’affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets bien gardés. Alors qu’un ouragan s’approche de la ville, l’Ange de la mort, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche.

Tensions raciales, corruption, vaudou, jazz et mafia : Ray Celestin a trouvé les ingrédients idéaux dans une série de meurtres qui ont réellement enflammé la Nouvelle-Orléans après la Première Guerre mondiale. Il nous offre un premier roman inoubliable, au suspense omniprésent, doublé d’un portrait de la ville d’un réalisme peu commun. Depuis L’Aliéniste de Caleb Carr, on avait jamais vu ça !

Traduit de l’anglais par Jean Szlamowicz

La fiche de livre sur Babelio et sur le site de l'éditeur, cherche-midi.

Ma critique :

Carnaval est un roman policier bien construit.

Il se base sur une idée assez originale : envoyer trois enquêteurs aux trousses du même tueur, chacun pour ses propres raisons et sans qu'il n'y ait de rivalité entre eux - où même d’intérêt pour ces enquêtes parallèles. Chacun suit des pistes différentes, ce qui nous révèle différentes facettes de ce qu'il se passe.  J'ai bien aimé l'absence de "fausse piste" : chaque piste a une raison d'être là et nous dévoile un petit quelque chose, même si elle ne nous rapproche pas énormément du tueur.

La Nouvelle-Orléans de l'époque est bien décrite et est un des points central de ce roman. Son communautarisme, son climat particulier, la ségrégation, sa mafia, sa musique, sa légèreté, sa criminalité élevée... De nombreux aspects sont abordés au fur et à mesure de l'histoire. J'ai d'autant plus apprécié que j'ai déjà eu (brièvement) l'occasion de visiter la ville. De plus l'histoire se passe à un moment qui constitue un tournant dans l'histoire d'une ville autant tournée vers le plaisir : peu après la fermeture (officielle) des bordels et l'interdiction de certaines drogues, juste avant la prohibition. Les personnages -principaux comme secondaires ou figurants - couvrent un spectre très varié, à l'image des communautés de la ville.

Je regrette tout de même l'absence quasi totale de superstition, de religion ou d'ésotérisme, alors que la couverture me laissait croire à leur présence. Ici, pas d'ambiance mystico-inquiétante, dès le début de telles explications sont complètement rejetée par les personnages tous très cartésiens sans même un frisson.

Si le livre est globalement bien écrit, il est facile à lire et les phrases sont un peu trop souvent plates. C'est dommages, parce que les quelques tentatives un peu plus recherchées sont réussie. Au début du roman notamment, j'ai beaucoup aimé la manière dont est décrit la musique jazz qui envahie la ville.

Il y a plusieurs références à Sherlock Holmes que j'ai trouvé un peu inutile, et les noms des personnages ce sont glissés ça et là dans le décors. Ça aurait pu être une idée rigolote, mais là ça m'a fait sortir de l'ambiance, trop différente de celle de Conan Doyle. C'est dommage, avec plus de modération certains points - comme le fait de souligner qu'il s'agit de la même époque à deux endroits différents et qu'il s'agit de récits populaires- auraient été très appréciables.

Le livre a une vraie fin avec du plaisir jusqu'au bout, tout en réussissant à conserver un certain réalisme dans le dénouement. Tout n'est pas forcément bouclé, la vie continue.

Ma note : 4/5

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