mardi 3 novembre 2015

Mots et expressions françaises

Plus ou moins recemment, j'ai lu trois livres sur la langues française, et comme la comparaison me démange, les voila réunis en un unique article - tout aussi bourré de faute de français que d'habitude, désolée !

L'aventure des mots français venus d'ailleurs 
de Henriette Walter



Descriptif éditeur :

En linguiste qui ne perd jamais son sens de l'humour, Henriette Walter multiplie les exemples, les anecdotes, les détails piquants pour faire de cette histoire des mots français venus d'ailleurs une aventure peu commune.


Qui penserait attribuer une origine étrangère à des mots comme jupe, épinard, braguette, violon ou encore sentimental ? Et pourtant, jupe vient de l'arabe, épinard du persan, braguette du gaulois, violon de l'italien et - qui l'eût cru ? - l'adjectif sentimental nous est venu du latin, mais par l'anglais.
Si l'on sait bien que la langue française est issue du latin, on oublie souvent qu'elle s'est enrichie au cours de sa longue histoire de milliers de mots venus des quatre coins du monde : du grec, du celtique, du francique, mais aussi de l'italien, de l'anglais, de l'espagnol, du portugais et encore de l'arabe, du persan, du turc, du japonais, et des langues amérindiennes ou africaines.
Henriette Walter raconte l'histoire de ces mots, de ces vagues d'immigration parfois clandestines qui ont petit à petit donné des couleurs à la langue française


Citations :
Ce livre voudrait montrer au contraire que, lorsqu'une langue "emprunte" des mots, elle s'enrichit de mille façons (...).
Cette citation (comme la suivante) est tirée de la préface (ou introduction, ou je ne sais plus), et c'est personnellement un avis que j'ai tendance à partager. Cette vision est un peu plus détaillée, notamment dans le paragraphe suivant, dont le ton me semble assez représentatif de celui du livre :
Pourquoi se plaindre des emprunts ?
Pour désigner tous ces mots que les langues du monde apportent à l'une d'entre elles, les linguistes ont un euphémisme plaisant : ils parlent pudiquement "d'emprunts" chaque fois qu'une langue prend des mots à sa voisine, tout en n'ayant pas la moindre intention de les lui rendre un jour. Et, chose curieuse, au lieu de voir les usagers de la langue emprunteuse se réjouir de l'adoption d'un mot étranger qui lui faisait défaut, et ceux de la langue donneuse marris du larcin dont elle a été victime, c'est exactement l'inverse qui se produit.
Les modes changent et les raleries des puristes aussi, comme par exemple à la renaissance pour les emprunts à l'italien (je ne me souviens plus de l'ouvrage précis auquel il est fait référence) :
Au fil des pages, on apprend aussi avec surprise que risque et réussir, ainsi que parapet ou caprice, copiés sur l'italien, sont alors des néologiqmes insupportables.
Je trouve le ton, sans être franchement drôle, riche d'une forme d'humour qui me plait bien, en particulier lors d'encarts ou de petits paragraphes plus ou moins ludiques.
Le nom du lapin, qui a peut-être été emprunté à une ancienne langue méditerranéenne, a causé bien des soucis aux Français soucieux de bonnes manières. En effet, le nom de ce petit rongeur était cuniculus en latin, devenu conil et conin en ancien français. On voit tout de suite les jeux de mots un peu lestes que ces formes pouvaient susciter, et on comprend pourquoi ils ont été abandonnés au XV° siècle et remplacés par lapin, mot formé à partir de lepus, qui désignait pourtant en latin un autre animal, le lièvre. En faisant une entorse au sens, on pensait avoir préservé la bienséance, mais on avait pas mesuré toutes les conséquences de ce nouveaux choix : avec le nom de la femelle du lapin, le problème restait entier.


Ma critique : 

C'est un livre que j'ai adoré !

Si le sujet m'intéresse vaguement, je l'ai surtout trouvé super bien raconté. Il faut tout d'abord signalé que je suis assez d'accord avec la plupart des idées ou des piques dissiminées ici et là : j'aime bien les emprunts qui servent à quelque chose, et j'utilise la langue de manière assez flexible. Probablement même beaucoup plus que ce qui est présenté ici, bien plus savant et respectueux de la grammaire/orthographe/... que moi. Et les abus sont moqués dans les deux sens.

Le ton est très agréable : c'est facile à lire en étant intelligent, et franchement divertissant. Au final, j'ai lu le livre presque comme un roman : il y a même des moments où j'ai eu du mal à le lacher parce que je voulais savoir la suite ! L'humour, ou en tout cas la légreté de ton, est bien présent tout du long.

L'évolution de la langue a une histoire est correspond à des développement historique. Cette intéraction et sa logique est ici bien présenté, et illustré de nombreux exemple. Les différents groupes de langues parlé à divers endroits en fonction des époques sont bien présenté, à la fois de manière précise et accessible aux néophytes (dont je fait partie). Il y a notamment des petits arbres généalogique des langues, vivantes et mortes, (ça a probablement un vrai nom) des groupes qui sont évoqués aux chapitres corresponds, ce qui est très chouette pour ce repérer.

Les chapitres se constituent globalement autour d'une langues dont on à emprunté à une époque donnée. On nous raconte ensuite les mécanismes d'emprunts plus ou moins régionaux et leur chemin jusqu'au français. De nombreux exemples sont cités, dont certains sont développés lors de paragraphe dédié. Des encarts ludiques ponctuent le tout - des poèmes déformés où on nous propose de deviner la langue d'origine des mots d'emprunt, par exemple. Le livre est bourré d'anecdotes amusantes sur le chemins ou la déformation de certains mots.

Il y a un index en fin d'ouvrage, regroupant "tous" les mots français venus d'ailleurs. Et bien sur avec les renvois approprié pour ceux qui ont pu être évoqué dans le livre. Il y manque tout de même des mots plus récent et plus ou moins argotique : par exemple zob n'y figure pas - ou si je confond (je n'ai plus le livre devant moi, encore un emprunt à ma merveilleuse bibliothèque) un autre du même tonneau). La bibliographie est également très détaillée.

Au final, j'ai l'impression d'avoir acquis une vision assez complète sur les mécanisme d'emprunt, ponctuée d'anecdotes drôles - représentatives ou au contraire exceptionnelles. Et surtout, j'ai ressenti un grand plaisir à la lecture.

Critique publiée sur Babelio

Ma note : 5/5



Secrets des expressions françaises 
de Colette Guillemard





Descriptif éditeur :

Ce livre recense des expressions françaises bien connues, qui appartiennent au langage courant et dont on ignore souvent l'origine. Colette Guillemard raconte leur histoire et donne les clés de leur provenance. Plus de deux cent cinquante expressions sont ainsi présentées, parmi lesquelles la fin des haricots, se ronger les sangs, mesures draconiennes, mettre son grain de sel, dorer la pilule, tomber sur le paletot, aller à vau-l'eau, tomber de Charybde en Scylla, promettre monts et merveilles, le vilain petit canard, l'affaire est dans le sac et bien d'autres…

Un livre qui fait renouer avec les bonheurs de la langue.

Colette Guillemard a écrit plusieurs livres sur les mots de la langue française et leur rapport à la cuisine, aux couleurs ou aux jardins. Elle est également l’auteur de La Vie des enfants dans la France d'autrefois.

La fiche du livre sur Babelio


Ma critique :

Bon, j'ai globalement pas accroché.

J'ai emprunté le livre à la bibliothèque, choisi un peu par hasard parce que le sujet collait à mon humeur et que je voulais en ouvrage organisé "par paragraphe" pour lire aux toilettes.

Beaucoup d'expression ou de mots sont traités dans cet ouvrage. Pour les expressions, l'auteur nous présente une explication satisfaisante sur son origine, malgré des sources peu variées et parfois peut-être insuffisantes. Pour les mots ou manière de dire dont elle dénonce l'usage, j'ai nettement moins apprécié.

Globalement, le ton est vraiment pédant - ce qui me file des boutons pour tout type d'ouvrages. Le livre juge et condamne beaucoup ce qu'écrivent parfois les journaliste, oumême de ce que telles ou telle personnalité publique a pu dire à la radio ou à la télé. Personnellement, je trouve ça normal de faire des fautes plus ou moins grandes dans un discours oral et je trouve un peu vain de lancer sans arrêt des piques là-dessus. Et autrement le style est plutôt descriptif et manque un peu de relief, d'esthétique ou d'humour.

Il s'agit d'une complilations d'articles. Certains sont très proches au point de faire doublon, ce qui n'est pas bien gênant si on en lit un de temps en temps, je suppose. Moi j'ai tendance à lire mes livres de bout en bout.

Un détail qu'on excusera facilement : une petite erreur - ou en tout cas imprecision - lorsque l'on parle de sciences. Sur le chapitre entre maximal et maximum, l'auteur signale que les deux formes existent et que l'on a entendu l'une et l'autre de divers sources, en particulier scientifiques. Or, en mathématiques, ces deux mots n'ont pas le même sens (le maximum est unique et comparable à toute les valeurs alors qu'un élément maximal n'admet pas d'élément qui lui sont comparables plus grands que lui).

Bref, si j'y ai appris des choses intéressante, je crois que le ton du livre et certains articles ne sont tout simplement pas pour moi. Et, lu au même moment, il a beaucoup souffert de la comparaison - je l'ai trouvé moins érudit, plus borné, plus pédant et surtout nettement moins fun. 

Critique publiée sur Babelio


Citation : 
Et si, comme tant d'autres dont nous déplorons l'invasion, c'est par l'intermédiaire de l'anglais que ce mot d'origine latine se réintroduit dans notre langue, nous avons cependant une consolation : ce n'est pas au jargon technico-américain qu'il est emprunté, mais à la langue anglaise la plus pure.
Comme j'étais en train de lire ce livre en même temps que le précédent, j'ai forcément relevé lorsque je suis tombée sur cette citation. Vous l'avez compris, je préfère la vision précédente, nettement moins pédante, alors qu'on frole ici le ridicule.


Ma note : 2/5



200 drôles d'expressions
que l'on utilise tous les jours sans vraiment les connaître 
de Alain Rey et al





Descriptif éditeur :
Jouer avec les mots pour qu'ils ne se jouent pas de nous. Éclairer les obscurités, lever les couvercles qui font de nos expressions favorites des trésors cachés.

Voilà ce qu'une équipe d'amoureux du langage, animée par Alain Rey, a imaginé pour nous permettre d'«en connaître un rayon » et faire que nous cessions de «ne pas être dans notre assiette ». Quand on se lève «dès potron-minet», on peut reconnaître le minet, mais certes pas le potron. Si les choses se produisent «au fur et à mesure », qu'es aco, ce «fur» ?


La langue française est une richesse, mais c'est aussi une boîte à malice. Déjouer cette malice, ce n'est pas trahir notre langage, c'est l'enrichir, et c'est nous faire plaisir. 200 fois plaisir, par les temps qui courent, ce n'est déjà pas si mal.

Et quand quelques-unes de ces expressions sont pimentées par Stéphane De Groodt, virtuose de jeu de mots, c'est encore plus savoureux !

Racontées par Alain Rey 

Linguiste et lexicographe reconnu, Alain Rey est l'auteur de nombreux ouvrages de la langue française et l'un des principaux créateurs des dictionnaires Le Robert.

Avec la participation de Stéphane De Groodt

Comédien de renom, ce natif de Bruxelles est également un funambule des mots connu notamment pour ses chroniques sur Canal+ qui ont donné naissance à ses célèbres Voyages en absurdie (Plon).


Le livre sur le site de l'éditeur, le Robert

La fiche du livre sur Babelio


Contexte :

Ce livre m'a été offert par Le Robert grâce à Babelio, merci ! Et il a donc été lu de bout en bout en une quinzaine de jours, pour pouvoir en faire la critique dans les délais (et aussi parce que je voulais le prêter à des connaissances qui je l'espère apprécieront.).



Ma critique :

J'ai aimé ce livre, dont les doubles pages se lisent comme des petites friandises de savoirs et d'humour.


Chacune nous présente une expression - réellement courante pour la plupart, même si une part pas si négligeable sont tout de même vieillit ou peu usité (une dizaine m'étaient même totalement inconnues - mais pas forcément les mêmes que pour M. Hum. Comme quoi, notre environnement et nos lectures jouent pour beaucoup dans les expressions que l'on connait). L'expression fait lieu de titre, avec en gras son mot le plus significatif - grâce auquel l'ouvrage est organisé par ordre alphabétique. En dessous, en petit encart nous explique sa signification. Ensuite, quelques paragraphes permettent d'expliquer l'expressions, avec beaucoup d'humour. Enfin, un petit encart final permet un apport différent : soit la définition du Robert du mot principal, soit un extrait  littéraire, ou encore une intervention humoristique de Stéphane de Groodt.


Le ton utilisé pour les textes principaux est très chouette. Toujours informatif, il utilise également de bonnes doses d'humour et de jeux de mots qui la plupart du temps n'alourdissent pas le style. De nombreux rapprochements sont fait entre expressions faisant apparraître les mêmes mots, et ça discute pas mal des images évoquées par les mots employés. Forcément, du coup, il n'y a pas une quantité démentielles d'informations qui peuvent être racontées, la plupart des explications sont donc souvent assez succintes. Ce qui est la plupart du temps suffisant mais donne un peu l'impression de survoler l'origine de l'expression plutôt que de creuser jusqu'au bout. Si les sources ne sont pas légions elles sont néanmoins variées, ce qui est appréciable.


Les petits encarts de bien sont très bien choisit. Les définitions reprennent syntaxiquement les informations déjà données (et permettent parfois un peu de clarifier). Les citations proviennent de sources très diverses, tant en époque qu'en support (roman, journaux, lettres). Les interventions de Stéphane de Groodt m'ont un peu moins convaincue : il s'agit en général d'une origine pipeau de l'expression jouant sur les mots. C'est pas désagréable et ça permet de jouer avec un style d'humour un peu différent mais la couverture en fait espérer nettement plus. Certaines des informations données sont déjà bien connues de nombreux amoureux de la langue ou de la mythologies, et sont peut-être introduites en trop grandes pompes. 


Les expressions sont plutôt variées, mais on évite pas certaines redites. Dans une petite poignée de cas, l'ordre alphabétique fait que deux expressions similaires se retrouvent l'une à la suite de l'autre, dommage. Et ici non plus on évite pas un petit flottement sur la sciences avec la quadrature du cercle, que mon oeil de matheuse regrette de ne pas voir définie ou racontée de manière un peu plus clair. ("Il a été prouvé impossible de" c'est pas vraiment la même chose que "on y arrive pas", de même que l'utilisation de la règle et du compas uniquement est une façon d'exprimer des contraintes mathémtiques, et pas des contraintes matérielles de l'époque.) 



En bref, c'est très plaisant, souvent franchement drôle et instructif, même si on se contente parfois de survoler un peu rapidement certaines expressions, la plupart des informations données sont réellement intéressantes voir surprenantes


Coiffer quelqu'un au poteau
[...]
Coiffer quelqu'un au poteau, c'est à la fois le battre de peu (d'une tête) et au dernier moment (au poteau d'arrivée). Autrement dit, c'est gagner d'un cheveu, à un poil près, pile-poil au bon moment.
Le livre est bourré de jeux et mots et de traits d'humour de ce goût. De nombreuses autres citations sont disponibles sur Babelio, par exemple, et vous pouvez feuilleter le début de l'ouvrage sur le site du Robert (qui en est l'éditeur). 

Ma note : 4.5/5

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