Descriptif éditeur :
Je m’appelle Pénélope. J’ai 8 ans. Je compte les arbres
le long de la route en voiture. C’est papa qui conduit.
Je les compte comme si je les coupais. Une scie dans les
yeux. Une scie silencieuse. La route est longue même en
regardant par la fenêtre. Je ne pose pas la question des
enfants en voiture, j’attends. J’abats les arbres.
Dans ce récit mosaïque, chaque Pénélope égrène un moment de vie.
Elles disent je et déclinent leur âge. Elles sont femmes pour la
plupart, mais pas toujours, elles sont ce qui nous rattache à la vie :
les temps simples, les joies intenses, les peines, les doutes, les
changements de cap…
Ces moments, Carol Vanni nous les livre dans une langue issue
de son expérience de l’oralité et du mouvement. Le long polissement
de ce texte, induit par une attention particulière au temps et à
l’attente, offre une simplicité de façade qui touche au cœur.
Véronique Decoster lui répond en puisant dans une série comprenant
une centaine de peintures, intitulée intervalle, où elle rassemble
des images quotidiennes sorties de son album de famille ou de celui
de tout un chacun.
La fiche du livre sur le site de l'éditeur ou sur Babelio
Ma critique :
Mes Pénélopes est un petit livre tout à fait étonnant, ou en tout cas très différent de ce que j'ai l'habitude de lire.
On se situe entre un recueil de mini nouvelles, une grande nouvelle et de la poésie.
Des textes très courts, tous basés sur l'idée d'attente, se succèdent,
entrecoupés de peintures en noir et blanc et à quelques reprise d'une
sorte de fil de pensées ininterrompu de l'auteur.
Tous les petits
textes sont sur le même format : On commence par "Je m'appelle Pénélope
et j'ai x ans" suivi d'un instant d'immobilité saisi sur le vif. Si, si.
Un toute petite tranche de vie, vu par la lucarne de la raison de
l'attente et la pensée là tout de suite, à peine contextualisé par un
âge. Les personnages - et les situations sont nombreux et variés,
souvent surprenants. Les tons alternent, l'attente n'est pas forcément
pesante, ne s'accompagne pas toujours d'impatience, est parfois heureuse
et parfois dramatique. On rentre très vite dans la pensée du
personnage, en quelques mots à peine, et ça c'est très fort. Bon, à de
très rares occasions ça marche tout de même un peu moins bien, mais ça
s'efface devant l'impression d'ensemble.
Les photo de peinture m'ont
au début laissée froide. Bon, je ne suis clairement pas experte en art
visuels du coup au premier abord elles m'ont parues assez quelconques,
froides et figées. En progressant dans le récit (car, oui, il y a une
sorte de récit) j'ai cependant trouvé qu'elles répondaient très bien au
texte, accentuant l'ambiance d'immobilisme. Je ne suis malheureusement
absolument pas capable de décrire leur style, mais on y voit des
portraits ou des détails de personnes, principalement.
Les passages
"autres" m'ont par contre nettement moins convaincue. Suites de
mots/phrase sans majuscule, avec un sens qui m'a souvent échappé,
alignement d'idées en vrac... J'ai eu l'impression que l'auteur laissé
courir ses mots et ses pensées dans un flot ininterrompu. C'est
peut-être un processus de création fructueux mais ça m'a semblé assez
indigeste à lire. Ça tranche énormément avec le reste, et ça m'a un peu
fait sortir de l'ambiance, pour moi le gros point fort de se livre. J'ai
vu ça comme une façon pour l'auteur de se mettre en avant ce que j'ai
trouvé désagréable. (Il y a par ailleurs d'autres mises en abîmes dans
le livre que j'ai trouvé plus réussi - même si ce ne sont pas les
meilleurs "chapitres"). Bon, ces passages restent assez anecdotiques
pour ne pas vraiment gâcher mon plaisir.
Tout ça et je n'ai pas
encore dit l'essentiel : j'ai dévoré ce livre ! Une fois commencé, j'ai
été prise dedans avec fascination. Pas possible de décoller avant la
fin. Je m'était dit que j'allais le commencer en attendant mon compagnon
une quinzaine de minutes, et pas moyen de le lâcher avant la fin (bon,
ok ça se lit en à peine plus d'une heure, en savourant), ou de le mettre
de côté le temps de discuter de ce qu'on allait faire quand. J'ai été
totalement absorbée par ce petit monde, par son ambiance et aussi je
voulait savoir la suite. Car certaines choses se tissent, on découvrent
plusieurs pans d'une même histoire peut-être, ou d'une réalités qui fait
sens, ou de plusieurs. Je ne l'ai pas pris comme un livre à
décortiquer, où il fallait absolument tout comprendre et recoller mais
comme un livre qui m'a emporté, un peu malgré moi, et qui m'a fait faire
un beau voyage, dans une bulle d'attente, mais surtout de patience et
de sérénité, parfois au travers de personnages impatients.
Et pour sûr, ça va contribuer à élargir mes horizons littéraires.
Pour tout ça, un gros merci à Babelio et aux éditions esperluète pour cette belle découverte via l'opération Masse Critique.
Ma note : 4/5
Critique publiée sur Babelio
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Quelques billets différents :
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Pandemic de Matt Leacock et autres coopéatifs dérivés (28 août 2016)
Rencontre avec Marie Neuser pour Prendre Gloria (19 janvier 2016)
Week-end jeux (11 novembre 2015)
Spiele 2015, Essen (12 octobre 2015)
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